Dark Series
Co-Workers : Beyond Disaster s’articule autour de l’idée d’un travail commun pour repenser nos manières de construire et d’habiter notre environnement. Rassemblant quelques histoires qui questionnent nos modalités d’interaction avec le monde, l’exposition dessine un paysage faisant place à des formes alternatives de langage, de relation, et de sensibilité.
Co-Workers : Beyond Disaster envisage le désastre comme un moment de rupture dont la dimension tragique s’accompagne aussi d’un sens nouveau du collectif. Le programme de rencontres Dark Series qui l’accompagne propose ainsi de rendre visibles et audibles un certain nombre de questions, de propositions, et d’actions permettant de reprendre possession d’une situation trouble qui semble aujourd’hui nous échapper. Il abordera de façon transversale les transformations environnementales, en observant les enjeux économiques, sociaux et culturels qu’elles recouvrent.
Les Dark Series sont pensées comme un terrain d’investigation, activé en collaboration avec une diversité d’acteurs pour imaginer une géographie, un climat, et des horizons possibles de compréhension de notre présent. Elles se développent selon différents formats et temporalités (conversations, workshops, assemblées), où la recherche artistique, scientifique, et la spéculation se croisent pour permettre une réflexion plurielle sur l’avenir qu’il nous appartient d’écrire.
Retrouvez la documentation des Dark Series sur le Tumblr Dark Series.
Programme conçu par Garance Malivel & Barbara Cueto
Assemblées
Samedi 28 Novembre 2015 à 15h30
Assemblée - Pour un avenir soutenable : Art et Culture(s) face à la crise environnementale
Dans son ouvrage Technique et Civilisation publié en 1934, l’historien et philosophe Lewis Mumford appelait déjà - et espérait voir advenir - un « équilibre dynamique » dans l’exploitation de l’environnement par l’homme, dans la production des biens de consommation, ou encore dans la conservation des ressources naturelles. À la veille de l’ouverture de la COP 21 qui tentera d’établir un accord international contraignant pour limiter un réchauffement climatique en grande partie lié aux excès d’extraction et de combustion d’énergies fossiles ainsi qu’à la déforestation, force est de constater que l’équilibre que Mumford appelait de ses vœux n’a pas été trouvé.
En marge des discussions qui se tiendront au Bourget, la seconde assemblée des Dark Series propose de se pencher sur d’autres stratégies de réflexion et d’action, sur d’autres modes d’apparition et de négociation permettant de repenser le développement de notre société et de l’environnement dans lequel elle s’inscrit. Quel peut être le rôle de la recherche artistique et des pratiques culturelles dans ce contexte ? Au croisement de l’art, de l’activisme et de la recherche, les participants de cette assemblée présenteront leurs propositions pour penser une forme de développement plus durable, rendre visible l’urgence des questions environnementales et concevoir des actions fédératrices au cœur de la société civile.
Participants :
Sacha Kagan, chercheur à l’Université Leuphana (Lüneburg, Allemagne), en charge du secteur "Pratiques créatives et artistiques pour un développement urbain soutenable" au sein du projet de recherche transdisciplinaire "La ville comme espace de possibles", et coordinateur du réseau de recherche "Sociologie des Arts" au sein de l’ Association Européenne de Sociologie (ESA RN 2).
Marie Velardi, artiste, basée à Genève. Après des études d’art à Milan, Bruxelles, Lausanne et Genève, elle a participé, en 2013-2014, au Programme d’expérimentation en Arts et Politique SPEAP de Sciences Po, à Paris. Par ses recherches et réalisations, elle tente de mettre en forme(s) une mémoire de l’avenir.
Collective Disaster est un jeune réseau international et pluridisciplinaire, qui s’attache à explorer de nouvelles modalités de collaboration et à travailler sur des possibles manières de se relever des catastrophes.
Isabelle Frémeaux et John Jordan, co-fondateurs du collectif Laboratory of Insurrectional Imagination où se mêlent l’art, l’activisme et la permaculture. http://labofii.net Le labofii et d’autres organisent les Climate Games, le plus grand jeu d’action-aventure désobéissant du monde, qui se déroulera pendant la COP21, à Paris et au-delà. climategames.net / facebook : climate games
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Samedi 9 Janvier 2016 à 15h30
Assemblée - Justice environnementale
Organisée en collaboration avec Françoise Vergès, Chaire Global South(s) du Collège d’études mondiales de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme.
L’étude cartographique des sites de déchets toxiques, de l’agriculture intensive, de l’extraction minière ou encore des usines nucléaires, révèle les inégalités criantes qui existent dans la distribution géographique des industries polluantes, souvent implantées en zones paupérisées ou de minorités. Cette assemblée s’intéressera aux conséquences de ces activités « à risque » sur l’environnement et en terme de santé publique. A travers différentes études de cas seront questionnés l’identification et la reconnaissance progressive de certaines sources de pollutions toxiques, la division nord/sud et les origines parfois coloniales ou néo-coloniales dans l’accès inégal à un environnement sain, et enfin certains outils, notamment juridiques, pouvant être mis en place pour tenter de palier à ces inégalités.
Participants :
Bruno Barrillot (co-fondateur de l’Observatoire des armements)
Bronwyn Lay (Juriste)
Jade Lindgaard (Journaliste)
Uwe H. Martin (Photojournaliste)
Luc Multigner (Directeur de Recherche Inserm)
Jacopo Ottaviani (Journaliste)
Françoise Vergès (Politologue, Chaire Global South(s) au Collège d’études mondiales de la Fondation maison des sciences de l’homme)
Alexis Zimmer (Docteur en épistémologie et histoire des sciences et des techniques)
Conversations
Vendredi 20 Novembre 2015 à 19h
Développement urbain & changement climatique dans les pays du Sud
Conçu avec Paulo Tavares (architecte et urbaniste) & Justine Liv Olausson (urbaniste et politologue).
Dans le cadre du programme Dark Series qui accompagne l’exposition Co-Workers : Beyond Disaster, cette conversation entre Paulo Tavares (architecte) et Justine Liv Olausson (urbaniste) permettra de croiser différents points de vue sur le réchauffement climatique, ici questionné comme une conséquence de la culture impérialiste et industrielle des pays du Nord, qui affecte en première ligne les pays des Suds. Interrogeant la violence politique qui sous-tend ce phénomène, Paulo Tavares et Justine Liv Olausson examineront ses effets dans certaines zones urbaines et non urbaines des régions sud. Leur conversation s’articulera autour de la manière dont le réchauffement climatique affecte le développement des communautés, ainsi qu’autour de leurs possibles façons de s’y adapter et d’y répondre.
Architecte et urbaniste, Paulo Tavares vit entre Quito et Londres. Son travail s’attache à observer les liens qui articulent espaces et conflits, et la manière dont ils recoupent les agencements urbains, territoriaux et écologiques à différentes échelles. Fondée à la fois sur des méthodologies de recherche et une pratique de terrain, la démarche de Paulo Tavares associe design, écriture et cartographie comme autant de modalités de lectures des conditions spatiales contemporaines. Il développe actuellement un projet sur la violence de la planification et les politiques écologiques en Amazonie, au sein du programme doctoral du Centre de Recherche en Architecture du Goldsmiths College à Londres.
Justine Liv Olausson est assistante de recherche à l’Architecture Design Innovation Program (ADIP) de la Technische Universität de Berlin, où elle dirige actuellement le séminaire théorique Contested Properties. Parmi les champs de recherches nourrissant son travail figurent les Sciences politiques et sociales (Malmö University 2006-09), la photographie (Spéos Institut de Photographie 2009-10), la réalisation filmique (assistante réalisation 2011-12), l’International Guidelines on Urban and Territorial Planning (UN-Habitat 2012-13) et le programme Sustainable Urban Planning and Design (MSc KTH Royal Technical University 2012-14). Elle est membre de la Société pour la Recherche Artistique (Berne). Ses domaines de recherche actuels concernent les communautés coopératives et les espaces de mise en partage, avec un intérêt particulier pour les transformations des terres, les mouvements sociaux et l’urbanisation croissante des villes du Sud. Elle a récemment contribué aux publications Berlin Transfer : Learning from the Global South (2015), Hybrid Modernities (2015), et Lo-res : Architectural Theory, Politics and Criticism (2015).
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Vendredi 27 Novembre 2015 à 19h
La narration utopique déviante
Conversation avec Alice Carabédian (doctorante au CSPRP, centre de sociologie des pratiques et des représentations politiques) dans le cadre du cycle Pensées spéculatives* conçu avec Émilie Notéris.
Je pense que nous apprenons à “devenir du monde” en nous colletant avec l’ordinaire plutôt qu’en en tirant de grandes généralités. Je suis une créature de la boue, pas du ciel. (Donna J. Haraway, When Species Meet, Minneapolis : University of Minnesota Press, 2008, p.3).
Loin des récits catastrophistes sur l’avenir de l’humain et des visions post-apocalyptiques de la planète chers à la science-fiction, le Cycle de la Culture de l’auteur écossais Iain M. Banks offre une réflexion originale et profondément politique sur le lien entre humanité, artificialité et environnement, remaniant avec ironie les traditions de l’utopie et du space-opéra. En présentant la relation à l’altérité du côté de la rencontre, de la proximité et de l’émancipation, plutôt que du côté de la domination, de la colonisation ou de l’utilitarisme, la science-fiction d’Iain M. Banks nous invite à subvertir notre point de vue, à nous décentrer, et à imaginer un rapport au monde inédit : un rapport utopique déviant.
Alice Carabédian est doctorante au Laboratoire de Changement Social et Politique à l’Université Denis Diderot. Diplômée d’un Master 2 en Lettres Modernes ainsi qu’en Philosophie politique, elle obtient un contrat doctoral au LCSP pour continuer ses recherches sur la littérature de science-fiction comme laboratoire de pensée et moyen de problématiser les enjeux politiques contemporains. Sa thèse porte sur une relecture et une reconceptualisation de l’utopie politique et critique à travers l’œuvre science-fictionnelle de Iain M. Banks. Elle est co-fondatrice de l’Archipel des devenirs - Centre de recherche sur l’utopie.
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Mercredi 16 Décembre à 19h
Envisager L’après-catastrophe
Conversation avec Mathieu Potte-Bonneville (Philosophe) et Pierre Zaoui (Philosophe) dans le cadre du cycle Pensées spéculatives* conçu avec Émilie Notéris.
Le temps qui suit les catastrophes semble voué à l’inimaginable : on ne se le figure ni avant (le propre d’une catastrophe est de déjouer nos anticipations), ni pendant (trop occupés qu’on est alors à lui survivre), ni après, ballottés entre hébétude, ressassement et compulsion de répétition. Faut-il alors renoncer à solliciter l’imaginaire, pour ne plus se fier qu’au réconfort d’une sensibilité encore meurtrie ou aux prudences de la raison ? Par-delà les métaphores de l’irreprésentable, du désert ou du champ de ruine, quels usages et quelles fictions ? Des théories classiques aux fictions contemporaines, on se demandera si et comment l’imagination peut, après la tempête, contribuer à donner forme au souvenir et à l’avenir.
Agrégé, docteur en philosophie, Mathieu Potte-Bonneville est Maître de conférences à l’École Normale Supérieure de Lyon. Ancien président du Collège international de philosophie et co-fondateur de la revue trimestrielle Vacarme, il a notamment publié Michel Foucault : L’inquiétude de l’histoire (PUF, 2004), Amorces (Prairies ordinaires, 2004), D’Après Foucault (avec P. Artières, réed. "Points essais", 2013). Responsable du pôle "Idées et savoirs" à l’Institut français, il a récemment coordonné l’ouvrage collectif Game of Thrones - Série noire (Prairies ordinaires, 2015), et collabore régulièrement à l’émission La Grande Table sur France-Culture.
Pierre Zaoui enseigne la philosophie, la littérature et l’art contemporain à l’Université Paris Diderot. Il est notamment l’auteur de Spinoza, la décision de soi (Bayard, 2008), La Traversée des catastrophes (Seuil, 2010) et La Discrétion, ou l’art de disparaître (Autrement, 2013). Membre du comité de rédaction de la revue Vacarme.
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Vendredi 18 Décembre, de 16h à 19h et Samedi 19 Décembre à 15h30
A.P.E. - Art, Philosophie & Ecologie / Séminaire & Conversation avec Timothy Morton
Bétonsalon - Centre d’art et de recherche a le plaisir d’accueillir le philosophe Timothy Morton pour un double événement explorant les liens entre art, philosophie et écologie.
Figure clé de la philosophie contemporaine, Timothy Morton est l’un des penseurs de référence de l’Ontologie Orientée Objet. Il propose une analyse singulière de l’articulation entre nature et civilisation, avançant que le développement d’une vision véritablement écologique passe par l’abandon de l’idée même de nature. Une semaine après la clôture de la COP 21 à Paris, ce double événement poursuivra la réflexion sur les répercussions de la crise environnementale, à travers le prisme de la philosophie orientée objet.
> Vendredi 18 Décembre, de 16h à 19h : Séminaire (sur inscription uniquement)
Le 18 décembre, Timothy Morton reviendra au sein d’un séminaire sur les concepts qu’il a développés ces dernières années, tels que celui de "Dark Ecology", d’Hyperobjet, ou encore de "Mesh". Ce séminaire sera adapté et personnalisé avec les participants. Compte tenu du nombre limité de places il n’est accessible que sur inscription via le lien suivant. Les inscriptions sont possibles jusqu’au 11 décembre, et les confirmations seront communiquées le 14 décembre.
> Samedi 19 Décembre à 15h30 : Conversation avec Timothy Morton
Le lendemain du séminaire, Timothy Morton développera au fil d’une présentation suivie d’un échange avec le public les liens qu’il tisse entre art, philosophie et écologie. Informations complémentaires à venir très bientôt.
Timothy Morton est titulaire de la Chaire Rita Shea Guffey Chair en anglais à la Rice University de Houston. Il est l’auteur de Nothing : Three Inquiries in Buddhism and Critical Theory (Chicago, à venir), Hyperobjects : Philosophy and Ecology after the End of the World (Minnesota, 2013), Realist Magic : Objects, Ontology, Causality (Open Humanities, 2013), The Ecological Thought (Harvard UP, 2010), Ecology without Nature (Harvard, 2007), et de sept autres ouvrages et de nombreux essais sur la philosophie, l’écologie, la littérature, la musique, l’art, le design et la nourriture. Il écrit régulièrement sur le blog http://www.ecologywithoutnature.blogspot.com/
Entrée libre. Chacun des deux événements se déroulera en anglais.
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Mercredi 13 Janvier 2016 à 19h
L’écologie sonore contemporaine
Une conversation avec Stéphan-Eloïse Gras (docteure en Sciences de l’Information et de la Communication et en Philosophie esthétique) et Maxime Boidy (docteur en sociologie et chercheur postdoctoral au Labex Arts-H2H) dans le cadre du cycle Pensées spéculatives* conçu avec Émilie Notéris.
Depuis les années 1990, l’écologie sonore et plus généralement l’écoute ont fait l’objet d’un intérêt croissant, que ce soit dans la perspective de son histoire sociale, de ses supports techniques ou de ses enjeux philosophiques. Un champ — qui n’a certes rien d’homogène et qui ne se laisse pas contenir sans reste au sein de ce qu’on appelle désormais les sound studies — s’est constitué au fil de travaux comme ceux de James H. Johnson (Listening in Paris, 1996), Peter Szendy (Écoute, une histoire de nos oreilles, 2001), Jean-Luc Nancy (À l’écoute, 2002), Jonathan Sterne (The Audible Past, 2003) et, plus récemment, Martin Kaltenecker (L’Oreille divisée, 2010), Michael Bull (Sound Studies, 2013) ou Veit Erlmann (Reason and Resonance, 2014).
Cette attention récente dit sans doute quelque chose des mutations que traversent nos pratiques contemporaines d’artistes, musicien.ne.s, musicologues, chercheur.e.s, scientifiques, mélomanes, internautes…, bref, de sujets écoutants en général. Comment est-ce qu’internet et plus généralement le numérique, c’est-à-dire ce vaste mouvement d’informatisation des expériences et de socialisation à grande échelle de l’informatique, viennent modifier l’écologie sonore contemporaine ?
A la croisée des sound et des software studies, cette conversation souhaite faire émerger des repères politiques et esthétiques pour penser un régime numérique de l’écologie sonore.
Stéphan-Eloïse Gras termine une thèse en Sciences de l’Information et de la Communication (GRIPIC-CELSA – Paris Sorbonne) et en Philosophie (LLCP-Paris 8) sur : « L’écoute en ligne : mutations des espaces musicaux sur Internet », sous la direction conjointe de Nicole d’Almeida et de Patrick Vauday. Musicienne, elle s’intéresse aux médiations numériques de l’écoute musicale dans les nouveaux contextes techniques, esthétiques, industriels et politiques, dans la perspective des théories critiques de la subjectivité. Elle a été chercheuse invitée à Brown University et à NYU et est aujourd’hui en charge de la prospective et de la coopération numérique à l’Institut français.
Maxime Boidy est actuellement chercheur postdoctoral au Labex Arts-H2H à l’université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis. Traducteur d’ Une histoire de la modernité sonore de Jonathan Sterne (La Découverte/Philharmonie de Paris, coll. La rue musicale : culture sonore, 2015), il a récemment codirigé le numéro 11 de la revue Poli-Politique de l’image consacré aux Politiques sonores (2015).
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Samedi 16 janvier 2016 à 15h30
Film-making as History-making
Une conversation avec Jasmina Metwaly & Philip Rizk (artistes), ainsi que Louly Seif (monteuse), autour du film Out on the Street présenté dans l’exposition Co-Workers : Beyond Disaster.
Bétonsalon – Centre d’art et de recherche accueille les artistes Jasmina Metwaly et Philip Rizk, ainsi que la monteuse et réalisatrice Louly Seif, pour une conversation autour du film Out on the Street, présenté jusqu’au 30 janvier dans l’exposition Co-Workers. Réalisé avec neuf acteurs non professionnels d’un quartier ouvrier du Caire, le film met en scène les événements entourant la privatisation d’une entreprise publique. Out on the Street entremêle des matériaux issus d’ateliers de théâtre menés avec les ouvriers, et des scènes rejouées par ces mêmes ouvriers - des conflits vécus sur leur lieu de travail, avec la police, ou encore des scénarios fictifs de ce qui aurait pu se produire.
Cette conversation évoquera la manière dont le processus de travail développé au cours du tournage a été poursuivi durant la période de montage. Fondée sur des récits de vie réels, la réalisation de Out on the Street investit cependant le domaine du faire-croire et questionne la manière dont reconstituer le passé à travers la fiction. Les réalisateurs aborderont la relation entre l’écriture filmique et l’écriture historique, ici élaborée par un dialogue à trois voix dans la salle de montage.
Philip Rizk est un réalisateur et écrivain basé au Caire (Egypte). Après avoir étudié la philosophie et l’anthropologie, il travaille le médium vidéo depuis 2009. Plasticienne et réalisatrice également basée au Caire, Jasmina Metwaly a cofondé le projet 8784 et est l’une des fondatrices du collectif Mosireen. Ensemble ils ont realisé le long métrage Out on the Street, qui a été projeté pour la première fois à la Berlinale 2015 et a été présenté au sein du pavillon allemand de la Biennale de Venise en 2015.
Louly Seif est monteuse et réalisatrice indépendante, née à Alexandrie (Egypte). En 2011, elle a réalisé un master en Culture Visuelle et Sonore au Goldsmiths College de Londres ; elle travaille depuis de manière indépendante sur des projets recoupant son intérêt pour le montage, les supports analogiques, l’étalonnage, l’enregistrement et le design sonore. Elle achève actuellement une formation post-diplôme en étalonnage colorimétrique à la Deutsche Film- und Fernsehakademie à Berlin (DFFB).
La conversation se tiendra en anglais.
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Samedi 23 janvier 2016 à 15h30
L’éclogitisation, ou le lent processus d’amnésie
Une conversation entre Melissa Dubbin, Aaron S. Davidson (artistes), Violaine Sautter (géologue au Muséum national d’Histoire naturelle) et Maxime Guitton (commissaire d’exposition), à partir de l’installation présentée dans l’exposition Co-Workers : Beyond Disaster.
A partir de leur installation présentée dans l’exposition Co-Workers : Beyond Disaster, les artistes Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson, en dialogue avec la géologue Violaine Sautter et le commissaire d’exposition Maxime Guitton, s’interrogeront sur ce que nous pouvons apprendre du temps pris à échelle géologique, et du lent processus de transformation des roches métamorphiques. Nourrie par les ouvrages An Experiment with Time de J. W. Dunne (1927) et Formes du temps de George Kubler (1961), la conversation abordera la manière dont les objets, et les roches en particulier, peuvent transmettre ce dont ils ont été les témoins, ou prédire ce qui sera. Cet échange avec la géologue Violaine Sautter, ici désignée « géolinguiste » - en référence à une nouvelle où l’auteure de science fiction Ursula K. Le Guin imagine un personnage capable de lire « la poésie (…) intemporelle, froide, volcanique des pierres »* - questionnera en quoi le langage des minéraux peut éclairer notre approche de ce que nous nommons désormais l’Anthropocène.
*« L’Auteur des graines d’acacia, et quelques autres extraits du Journal de l’Association de Thérolinguistique », traduit en français dans le recueil Les Quatre vents du désir, Paris, Presses Pocket, 1988.
Melissa Dubbin and Aaron S. Davidson ont produit ensemble depuis 1998 un corpus d’œuvres mobilisant un certain nombre de formes, d’objets, d’images et d’expériences - qui incluent une diversité de médiums tels que la photographie, la vidéo, le son, la performance, l’installation, le dessin, la sculpture et le livre d’artiste. Leurs récentes expositions personnelles ont eu lieu au Treize à Paris (2014) ; Audio Visual Arts (AVA), New York, NY (2013) ; Henie Onstad Kunstsenter, Høvikodden, Norway (2012) ; et Nýló, The Living Art Museum, Reykjavik, Iceland (2012). Parmi leurs expositions collectives récentes figurent Some Artists’ Artists at Marian Goodman Gallery, New York (2014) ; The Artist’s Institute, New York, NY (2014) ; Art of Its Own Making at The Pulitzer Foundation for the Arts, St. Louis, MI (2014) ; The String and the Mirror, Lisa Cooley, New York, NY (2013) ; Alchemical, Steven Kasher Gallery, New York, NY (2013) ; et Sound Spill, Zabludowicz Collection, New York, NY (2013).
Maxime Guitton est responsable du service du soutien à la création au Centre national des arts plastiques (CNAP) à Paris. Il exerce parallèlement depuis 2003 des activités de programmation musicale entre lieux indépendants et institutions (Le BAL, CAPC, Centre Pompidou, etc.). Il a assisté la compositrice Eliane Radigue entre 2009 et 2011. Ses champs de recherche musicale l’amènent à intervenir en écoles et centres d’art (ECAL, Ecole du Magasin, INHA, Le Plateau, Bétonsalon, Musée de la Main, etc.) pour des cours, workshops, conférences et sessions d’écoute. Commissaire de l’exposition personnelle de Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson, a drusy vein (Treize, 2014), il a programmé avec Benoît Hické en 2015 un cycle de conférences, projections et pièces sonores au Muséum national d’histoire naturelle : Montagnes : la terre exhaussée.
Violaine Sautter est géologue au Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), directrice de recherche au CNRS, et co-investigatrice sur le Laser Chemcam embarqué sur Curiosity, le rover actuellement utilisé par la NASA pour son programme d’exploration de la planète Mars MSL (Mars Science Laboratory). Elle a mené pendant plusieurs années des recherches sur les diamants des couches terrestres profondes. En 1990, Violaine Sautter a découvert le minéral le plus profond alors jamais trouvé sur Terre, un grenat venant de plus de 300 km de profondeur. Elle a reçu la médaille de bronze du CNRS pour cette découverte, une récompense remise pour les trouvailles de jeunes chercheurs. En 2001, elle a été commissaire scientifique de l’exposition Diamants : Au cœur de la Terre, au cœur des étoiles, au cœur du pouvoir, et co-auteure du livre du même nom. Elle a commencé début 2000 à étudier les météorites martiennes. Reconnue pour ses recherches en ce domaine, Violaine Sautter a été sélectionnée pour poursuivre ses travaux au sein du programme MSL de la NASA, embarqué sur le rover Curiosity.
La conversation se tiendra en anglais.
Ateliers
Octobre 2015 - Janvier 2016
Seule contre l’Univert
Séance inaugurale : Samedi 24 Octobre 2015 à 15h30
Deuxième séance : Jeudi 12 Novembre 2015
Soirée de restitution : Vendredi 29 Janvier 2016 de 18h à 20h
Conçu par Eva Barois De Caevel (commissaire d’exposition)
« Seule contre l’Univert » est un off du off (suivant une logique en vogue) : une sous proposition au sein de l’exposition Beyond Disaster ; exposition elle-même en dialogue avec une autre exposition au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (« Le réseau comme artiste »). « Seule contre l’Univert » prendra la forme d’une réunion inaugurale — une conférence, des documents partagés — à l’issue de laquelle on espère réunir un groupe de quelques personnes autour d’une même envie : enquêter sur les aspects imperceptiblement répressifs d’espaces, de pratiques et de discours qui occupent notre vie quotidienne, qu’il s’agisse de la végétalisation, du mobilier urbain, des slogans pour les votes participatifs, de la gestion des transports en commun ou encore de celle des parties communes de certains immeubles d’habitation.
« Seule contre l’Univert » n’est pas une œuvre d’art : c’est une activité gratuite, politique, à mener sur son temps libre, seul-e et en groupe, épisodiquement, pendant quatre mois. « Seule contre l’Univert » est un projet ouvertement paranoïaque, pour mieux réfléchir à la notion d’activisme, à l’échelle d’un individu et à l’heure du réseau. « Seule contre l’Univert » abordera par la petite porte (celle d’un jardin partagé — « l’Univert » — du 18e arrondissement de Paris), des notions telles que l’éco-féminisme, la justice sociale en milieu urbain, le story-telling, les politiques de coalition, les méthodes d’analyses inter-sectionnelles, l’écologie sociale, la lutte contre la narration toute-puissante de l’État et la mort du vernaculaire.
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Samedi 31 Octobre à 15h30 et Mercredi 18 Novembre 2015 à 19h
Workshop d’écriture créative dédiée à la fiction réparatrice
Conçu par Émilie Notéris (auteure).
Loin des prises en compte catastrophistes de l’écologie, paralysées à l’ère de l’Anthropocène dans le domaine du constat et de l’irrémédiable, comme encapsulées de paranoïa, les narrations alternatives et utopiques offrent une surface de réparation propice à une nouvelle réflexion. Le besoin en narration se fait aujourd’hui cruellement sentir ainsi que le rappelle la philosophe Émilie Hache, dans son introduction à l’ouvrage collectif De l’Univers clos au monde infini (Éditions Dehors, 2014).
C’est dans ce contexte qu’Émilie Notéris initie un workshop d’écriture créative dédiée à la fiction réparatrice. Comment développer une narration positive et réparatrice, à partir d’un “cloud” de mots-clés surgissant à l’orée de la COP 21 (Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques) mis en regard avec des textes importants issus de la science-fiction. Il s’agira d’opérer un basculement des regards et des points de vue actifs, ainsi que le suggère l’antropologue Viveiros de Castro, pour mieux “décoloniser la pensée”. À l’issue du workshop sera réalisé un journal accueillant les différentes fictions produites dans ce cadre.
En parallèle, une série de conversations conçues par Émilie Notéris viendra ponctuer l’exposition, en proposant de développer la positivité d’un nouveau regard écologique post catastrophiste dans les domaines de la littérature, de la philosophie et de l’acoustique.
Émilie Notéris est une travailleuse du texte née en 1978. Écrivaine, auteure de sciences-fictions (Cosmic trip, 2008 ; Séquoiadrome, 2011) et d’essais (Fétichisme postmoderne, 2010). Traductrice (Marshall McLuhan, Sudipta Kaviraj, Gayatri Chakravorty Spivak, Slavoj Zizek, Hakim Bey, Malcolm Le Grice), elle coordonne depuis 2014 l’ensemble des traductions dans le cadre du Festival Mode d’emploi organisé par la Villa Gillet à Lyon. Elle a participé à un ouvrage collectif consacré à la série Game of Thrones publié aux éditions des Prairies Ordinaires en 2015 et prépare actuellement un ouvrage dédié à la science-fiction et à la théorie queer. En novembre 2015 elle a conçu le programme EcoQueer d’ouverture des Rencontres Bandits-Mages à Bourges.
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Mardi 10 Novembre 2015 de 10h à 19h
Disasters Room : Gestion de crise et résilience post-catastrophe
Conçu avec Fernando García-Dory (artiste et agroécologiste) et en partenariat avec Imago Mundi Foundation (Cracovie) dans le cadre du programme Place Called Space.
Ce workshop vise à tisser des liens entre différents degrés de crises – de la crise psychologique à la crise systémique, en passant par leurs impacts spécifiques à échelle urbaine ou régionale. Il entrelacera les champs de la poésie, de la biologie et de la paléontologie, des relations publiques, de l’architecture et de l’ingénierie durable – de la théorie du chaos aux stratégies d’antagonisme radical mises en œuvre pour une escalade des troubles en contexte révolutionnaire. Les participants observeront les étapes d’avant crise, d’urgence, de gestion de crise, et d’après catastrophe, à travers un processus de travail collectif et créatif, nourri par un échange avec des experts de ces domaines invités à intervenir au sein du workshop. Qu’est-ce que la résilience et comment la construire ? Quels imaginaires produisent les nouveaux récits apocalyptiques et comment sont-ils collectivement abordés ?
Fernando García-Dory (1978) s’intéresse à la relation actuelle qui existe entre culture et nature, et à la manière dont elle se manifeste en différents contextes : du paysage et de la ruralité aux préoccupations identitaires, en passant par les notions de crise, d’utopie et de potentielle évolution sociale. Diplômé en arts et en sociologie rurale, il prépare actuellement une thèse en agroécologie. S’attachant à observer la complexité harmonique des formes et des processus biologiques, son œuvre se structure autour des notions de relation et de coopération, oscillant des microorganismes aux systèmes sociaux, et de langages artistiques traditionnels tels que le dessin à des projets et actions collaboratifs en agroécologie.
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Tous les Jeudis du 12 Novembre 2015 au 28 Janvier 2016 (sauf le 24 et 31 décembre)
Cum Venies Laetabor
Workshop avec un groupe d’étudiants de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy.
Organisés avec Boris Achour (artiste), François Bon (écrivain), Jeff Guess (artiste) et Judith Perron (chorégraphe), enseignants à l’ENSAPC.
(Étudiants uniquement)
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Octobre 2015 à Janvier 2016
Co-Workers : Ecritures hors les murs
Atelier de création Maison centrale de Poissy / Université Paris Diderot
Sous la direction de Julie Ramage
27 janvier 2016 : lancement des publications conçues dans le cadre de l’atelier et présentation des travaux produits en 2014 et 2015. Vernissage de 17h à 19h.
Dans le cadre de l’exposition Co-Workers : Beyond Disaster, les étudiants détenus de la Maison centrale de Poissy ont été invités à collaborer, à distance, avec l’atelier d’écriture de la licence de Lettres. A travers une série d’expérimentations sonores, les participants s’entretiennent de la notion de désastre, de ce qu’elle signifie pour les uns ou pour les autres, de sa mise en récit et en voix, afin de produire, tout au long du semestre, une pièce radiophonique collective. La voix, prise dans un maillage serré, entre connotations judiciaires (son analyse sert d’élément de preuve dans les procédures) et problématiques de circulation intérieur/extérieur, est réinvestie dans ses potentialités de résistance et dans la recherche de nouvelles formes de communication.
Cet atelier prolonge les travaux produits en collaboration avec les étudiants de la Maison centrale de Poissy et Bétonsalon – Centre d’art et de recherche en 2014 - 2015. Se posait alors la question des liens entre corps, écriture et surveillance. Les débats, recherches et productions menés avec les participants autour de la dimension politique de l’écriture et de ses modes d’apparition, fournissent de multiples réponses.
Ce projet a été organisé dans le cadre des Ateliers Lettres de l’UFR Lettres, Arts, Cinéma et de la Section des Etudiants Empêchés de l’université Paris Diderot-Paris 7. Il a été produit grâce au soutien du service d’accompagnement aux pédagogies innovantes et à l’enseignement numérique de Sorbonne Paris Cité (SAPIENS-USPC).
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