Evénements
Samedi 24 novembre 2007
Olivier Zabat
Zona Oeste, 2000, 42 min, DV 4/3 couleur.
" Ce tryptique donne un apperçu des différentes forces en guerre dans la violence urbaine des favelas de Rio de Janeiro. Vérités et mensonges, logique et absurdité, raisons et torts s’entrechoquent dans un espace et un temps abstraits et résistent à tout jugement définitif".
9 Tours, 2007, 90 min, DV 4/3 couleur.
9 Tours est un remontage de deux films : Miguel et les mines (2002) et 1/3 des yeux (2004). Essai cinématographique construit en neuf chapitres distincts, 9 Tours est une fable technique qui parie sur la force des associations : conférence sur l’autisme, extrait de combat de boxe, procédures de déminage, intervention chirurgicale, méthodes de classification d’animal rare... Le film énumère des "situations à risque" et se pose comme un laboratoire d’images, inquiétant et sous haute tension.
« Olivier Zabat vient des arts plastiques, il s’est longtemps consacré à la photo avant de commencer à faire seul du cinéma. Trois films ont jusqu’ici été réalisés : Zona Oeste (1997-1999) traite de la vie des trafiquants de drogue dans une favela de Rio. Miguel et les mines (2002) a pour sujet les mines antipersonnelles, sujet tissé en parallèle avec différents récits et personnages hétéroclites : match de boxe, portrait d’un ancien chef guerrier africain, d’un démineur. 1/3 des yeux (2004) constitue la seconde partie de Miguel et les mines : huit modules autonomes se développent autour du thème central de l’expérimentation.
Le travail de Zabat « démonte » bon nombre d’acquis du genre documentaire : les notions de réel, d’objectivité, de preuve, de témoignage, sont ici redistribuées au profit d’une forme qui relève bien plus de l’essai cinématographique, laboratoire de pensée par l’image. La structure des films, éclatée, affirme une proposition d’ordre artistique, rare dans le secteur si bien pensant du documentaire, si fermement attaché à des « sujets » lisibles et transparents qui viennent régulièrement nous expliquer le – mauvais - état du monde. Les films rompent avec toute logique didactique : ils n’ont décidément pas vocation à expliquer ou à raconter. Ils exposent plutôt des situations qui ne nous seront présentées que fragmentairement. Il revient ainsi en dernière instance au spectateur de rétablir les fils manquants, de fabriquer sa propre circulation dans un puzzle qui court en réalité de film en film, depuis Zona Oeste jusqu’au dernier 1/3 des yeux. Cette situation est assez rare au cinéma pour qu’on en souligne bien ici les enjeux : le film s’apparente à une exposition que l’on traverse de façon forcément lacunaire et dont les lignes de forces s’élaborent au gré des visions et des rapprochements conçus par le spectateur lui-même. Zabat procède par accumulation de séquences, de liens, qui constituent petit à petit un réseau sédimenté mais toujours aussi fragile.
C’est bien cette dimension qui constitue l’audace des films en question : s’ils résistent au récit, à l’histoire, au besoin de péripétie, ils travaillent néanmoins cette idée que le cinéma s’élabore à partir d’un monde complexe dont on ne peut rendre compte entièrement ni parfaitement. Un cinéma à l’équilibre précaire, poétique parce qu’échappant à toute hiérarchisation des discours. Fulgurance de l’image et effet à retardement. Ce cinéma met une fois de plus l’accent sur la porosité des classifications : documentaire, vidéo, fiction, cinéma scientifique, catégories que les films de Zabat viennent joyeusement pulvériser, mettant en avant un travail précis de montage qui fait de la projection une expérience riche, de l’ordre de l’enquête, de la prospection. »
(Clara Schulmann, Entretien avec Olivier Zabat, Cinéma en alerte, in Particules, n°14, avril-mai 2006)
Samedi 22 décembre 2007
Sélection de films réalisés par les résidents du Fresnoy-Studio national des arts contemporains, dans le cadre des 10 ans de l’institution.
Carolina Saquel - Tableaux filmiques / projection en présence de l’artiste
Figures devant une métamorphose. Mur II (d’après Joan Miro), 2007, 15 min.
Inspiré des peintures de Joan Miro et de la manière dont le peintre utilise la surface peinte, le film propose une réflexion sur la notion d’aplat "en mouvement" et les diverses manières dont celui-ci intègre la profondeur (perspective, profondeur du monochrome, durée, couches de montage).
Pentimenti, 2004, 8 min 30.
Le film pose la question du modèle et de la pose : d’où, un portrait équestre, comme variation du Portrait.
Un portrait peut avoir un fond neutre, 2005, 14 min 40.
Dans les portraits, les paysages apparaissent statiquement à l’arrière-plan, comme des images arrêtées, la déconcertante "ligne arrière" des tableaux flamands servant de conception schématique de l’espace et du contexte. Ici, la ligne oscille, se fracture, elle bouge. Dans le mouvement, l’espace se conçoit différemment.
Picadero, 2004, 6 min.
Les images de Picadelo viennent de Pentimenti, avant lui, quand l’oeil cherche le contour de son modèle.
Tout est pareil (boucle), 2007, 4 min.
Sans titre (blindfold), 2007, 4 min.
Des glissements de sens emportés par la vitesse de ces films au format "poche", miniatures.
DANS L’ ESPACE DE VISIONNAGE / sélection de films réalisés par les résidents du Fresnoy
Buffer Zone, Samer Najari, 2003, 9 min.
Documentaire autour d’une installation d’une durée de quatre jours durant lesquels des images et des sons, captés la nuit autour du port de Calais dans les endroits fréquentés par les voyageurs clandestins, ont été retransmis par Internet et diffusés en temps réel dans le centre-ville de Folkestone, en Angleterre.
Solitaire, pauvre, sordide, abrutie et courte – Film de guerre, Wagner Morales, 2004, 24 min.
Depuis 2003, Morales s’est lancé dans la production d’une nouvelle série de vidéos thématiques. Son intérêt se porte sur l’univers du cinéma, ouvrant un dialogue avec les langages et les clichés du cinéma de genre.
Finlande, Arnaud Dejeammes, 2000, 10 min.
Un film fantastique, 59 sec ; Helskor, 41 sec ; De la neige de Finlande, de la neige de Finlande, 53 sec ; Les hotesses de l’air meurent-elles dans les accidents d’avion ?, 43 sec ; Sans titre (version 1), 1 min 56 sec ; Le bateau, 1min02 sec ; L’horizon du cercle polaire, 16 sec ; Sans-titre (version 2 ), 1 min 56 sec
Roubaix 3000, Bertrand Dezoteux, 2007, 9 min.
Roubaix3000 est un film de famille d’anticipation politique. D’un côté, des voix, des paroles agencées. De l’autre, des acteurs, amateurs, qui tentent par le play-back de jouer leur partition, de donner corps à ces paroles qui ne sont pas les leurs. Ces deux expressions se rassemblent lors du tournage, à Roubaix, où l’architecture est riche en collages, en assemblages, en greffes, en citations antiques.
Kant Tuning Club, Raphaël Siboni, 2007, 24 min. 45
Kant Tuning Club relate la sinistre épopée d’un super héros et de son fidèle serviteur deleuzien, dans ce monde hostile où le tuning est une pratique standardisée
Nocturnes, Anri Sala, 1999, 11 min.
Deux hommes isolés. Le premier est aquariophile. Le second revient des Balkans.
A l’issue de la projection des films de Caroline Saquel, le Silo vous invite à partager une légère collation.
Samedi 26 janvier 2008
« Gestes du morcellement : couper, réparer, collectionner »
Le Silo convie quelques expériences visuelles qui sondent la grammaire cinématographique
Judy Fiskin, The End of Photography, Super-8 – video, 2.28 min, n&b, 2006, USA
Alors que des images en noir et blanc, tournées en Super-8, défilent, le narrateur pleure la disparition du film photographique.
Peter Downsbrough, Occupied, 35mm – video, 18.37 min, n&b, 2000, USA
L’exploration avisée et mobile de Peter Downsbrough, dresse le portrait vivant d’un lieu atypique : la Cité administrative à Bruxelles. Les coupes (balustrades, vitres, escaliers) et les perspectives (lampadaires, colonnes, bassins) expérimentent une perception animée et sonore d’un espace déserté.
Paul Gabel, I will always wait (It will never be), dv, 8.56 min, couleur, 2005, USA
Lamentation sur la journée tragique du 11 septembre, le film parvient à saisir Wall Street en un point entre déconstruction (la Deutsche Bank enveloppée pour travaux), reconstruction (7 World Trade Center) et destruction (l’absence des tours jumelles).
Eva Michalaki, 56ºN3ºW et 58ºN2ºW, vidéos, 3 min, couleur, 2004, Royaume Uni
« Pont : structure qui relie deux espaces, par exemple au-dessus de la mer…
Ecosse : images floues prises à partir d’une voiture en mouvement ; superpositions ; états de paysage entre émotions subjectives et réalité du monde ; le déplacement étant plus que la traversée d’un point A à un point B, plus que transition géographique. »
Lea Petrou, I thought I Was At YouMe Town, vidéo, 6 min, couleurs, 2004, Japon
« Ce qui peut être tout à fait ordinaire pour les habitants d’un continent, semble totalement étrange pour ceux qui le visitent. I thought I Was At YouMe Town est une vidéo en split screen où, à l’intérieur de chacun des neuf compartiments de l’écran, un groupe d’enfants japonais s’entraîne en vue d’un événement de performances gymnastiques annuel. »
Paul Gabel For Safekeeping (Scissions, Sutures and Naming), dv, 44.22 min, couleur, 2006, USA
Une collection publique d’images est répertoriée et chroniquée. Mise en image d’une enquête sur les conditions dans lesquelles l’archivage et l’archive peuvent coexister.
Samedi 26 avril 2008, 18h30
Séance « Clemens von Wedemeyer » présentée par Christophe Catsaros (critique d’art)
Big Business
Digital Video / DVD, 25 min, 2002
Big Business est un remake du film éponyme de Laurel et Hardy (1929), numéro burlesque de vente d’arbres de Noël au porte à porte. L’affaire tourne mal au point qu’ils mettent à sac la maison d’un consommateur récalcitrant, lui-même entreprenant de détruire la voiture d’Ollie. Le film a été tourné dans le centre de détention de Waldheim, en ex-Allemagne de l’Est, institution dans laquelle les prisonniers occupent leur temps à construire puis à détruire des maquettes de maisons.
The Making of Big Business
Digital Video / DVD, 27 min, 2002
Le making-of du film révèle le contexte de production du film, à la prison de Waldheim, la plus vieille institution pénitentiaire d’Allemagne. Interviews des prisonniers et du directeur de la prison reconstruisent son histoire et en décrivent les affaires courantes.
Clemens von Wedemeyer est né à Göttingen, en Allemagne, en 1974. Il a étudié les Beaux-Arts à l’Académie d’Arts visuels de Leipzig. Il a reçu de nombreux prix comme le Kunstpreis der Böttcherstrasse de Brême (2005), le VG Bildkunst Award for Experimental Film and Video–art au festival du film de Munich (2002) et le Marion Ermer Prize, à Leipzig (2002). Il vit et travaille à Berlin et Leipzig. Sa première exposition personnelle à Paris s’est tenue à la Galerie Jocelyn Wolff, en 2003, sous le titre « Cinéma divisible ».
À propos du travail de Clemens von Wedemeyer et à partir du 20 avril sur http://www.lesilo.blogspot.com
www.lesilo.blogspot.com : les textes de Teresa Castro (Le Silo), Mathias Lavin (Université Paris III) et Eric Thouvenel (Université de Rennes 2 – Haute Bretagne).
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