Evénements
« On ne se souvient que des photographies » est une édition exposée. Elle est le fruit de la rencontre et du dialogue entre le Groupe de recherche « L’art moderne et contemporain photographié » (master 1) de l’École du Louvre et le master 2 professionnel « Politiques Culturelles » de l’Université Paris Diderot – Paris 7, représenté par cinq étudiantes de l’association Politik’art. Confiée aux graphistes François Havegeer et Sacha Léopold, connus sous le nom de Syndicat, elle place la démarche de recherche scientifique au centre de son propos et opère comme un processus réflexif in progress.
Cette exposition a pour objectif de matérialiser une réflexion sur la circulation du document photographique à travers différents supports et les fluctuations de son statut. Elle soulève des questions relatives à son élaboration, à ses usages et à sa réception. Afin de prolonger ces questionnements sur la production, la diffusion et l’interprétation du document photographique, des conférences seront proposées aux visiteurs les samedis 21 et 28 septembre. Les intervenants, artistes et universitaires, présenteront les réflexions qu’ils ont menées sur ce sujet dans leurs travaux et leurs recherches.
SAMEDI 21 SEPTEMBRE 2013, 17H
L’art photographié entre œuvre, document et archive
Conférence de Federico Tarragoni
Cette intervention visera à cerner, en croisant philosophie et sociologie, les relations ambivalentes entre création et reproduction dans l’art photographié. Nous prendrons comme point de départ la réflexion de Walter Benjamin sur la reproductibilité de l’œuvre d’art, l’ouverture de l’œuvre moderne à la technique prônée par les avant-gardes (futurisme, dadaïsme, surréalisme) et l’enrichissement de l’expérience esthétique qui lui correspond du côté du spectateur. Avec ces jalons philosophiques et sociologiques, nous essaierons de penser l’interface entre des objets qui se côtoient dans l’art photographié : l’œuvre de l’artiste, le document photographique du reproducteur et l’archive de l’historien de l’art. Comment penser la relation entre ces trois objets ? Afin de répondre à cette question, l’on confrontera deux opérations différentes contenues dans l’art photographié : le redoublement (ou la mise en abîme) de la pratique créatrice entre original et photographie, d’une part, et l’extraction, puis l’archivage, d’un savoir sur l’œuvre elle-même d’autre part.
Federico Tarragoni est maître de conférences en sociologie à l’Université Paris Diderot – Paris 7 et chercheur au CSPRP (Centre de sociologie des pratiques et des représentations politiques). Ses travaux en sociologie de l’art et de la culture portent sur le concept d’émancipation esthétique et sur les correspondances entre pratique artistique et pratique politique. À partir de ces domaines de problématisation, ses recherches s’inscrivent dans un champ interdisciplinaire, entre la philosophie esthétique et la sociologie.
SAMEDI 28 SEPTEMBRE 2013, 17H
Processus de création, production d’image, enjeux de l’œuvre transposée et usage photographique
Conférence de Clément Rodzielski, Maxime Thieffine et Antoine Espinasseau
Le travail d’un photographe tel qu’Antoine Espinasseau et d’artistes tels que Clément Rodzielski et Maxime Thieffine participe d’une nouvelle approche de la photographie, qui ne justifie plus à elle seule sa valeur documentaire. Comme le note André Rouillé après Foucault : « A l’époque des flux, il ne s’agirait plus, comme le faisaient les disciplines historiques traditionnelles, de mémoriser les monuments du passé en les transformant en documents, mais à l’inverse, "de transformer les documents en monuments" . »
Comment opérer ce passage alors que l’image photographique se distille dans une multitude de supports et de changements d’échelle ? Un livre de photographies peut-il s’exposer ? Qu’implique ce changement de format qui agit comme un nouveau filtre à la pensée et à l’image ?
Le jeu d’une photographie conjugable et dégradable à l’infini signifie-t-il sa perte ou une tentative d’en extraire l’information essentielle, pour la transformer en outil de recherche ? L’exposition deviendrait alors un moyen de dresser une nouvelle typologie de photographies et de leurs moyens de narration.
Clément Rodzielski (né en 1979) interroge par son travail les conditions d’apparition des images, l’ombre de leurs reproductions et les détours de leurs circulations. Il est représenté à Paris par la galerie Chantal Crousel et à Londres par la galerie Campoli Presti. En « faisant avec » les espaces dans lesquels il expose, Clément Rodzielski met en question, consciemment, les contraintes et les conventions du lieu d’exposition, qui perd son caractère privilégié d’espace où les choses changent de sens, d’espace révélateur d’une expression esthétique. Clément Rodzielski ne se contente pas pour autant d’une attitude de retrait : si son statut d’auteur reste en suspens - pour mettre à mal les logiques de citation et d’appropriation - les décalages qu’il opère, les jeux de feuilletage et de miroir qu’il construit, ainsi que sa discipline de travail, ouvrent l’exposition à d’autres usages et d’autres sens.
Maxime Thieffine (né en 1973) travaille le montage et l’assemblage d’images et d’objets, entre présence et représentation. Une exposition personnelle lui a été consacrée au Commissariat à Paris en 2009. Plus récemment, son travail a été présenté dans diverses expositions collectives en France (La Galerie de Noisy-le-Sec, Galerie Emmanuel Hervé, Galerie Nathalie Obadia, Galerie Bertrand Grimont, Galerie Paul Frèches) et en Europe (Tate Modern à Londres, Klemm’s à Berlin). Diplômé en cinéma, il a ensuite étudié au Fresnoy puis a enseigné l’histoire de l’art et l’esthétique à Paris III, Sorbonne Nouvelle. Il écrit régulièrement et a formé un duo de commissaires d’exposition avec Cécilia Bécanovic, L’Ambassade, de 2006 à 2008.
Antoine Espinasseau (né en 1986), architecte de formation, diplômé de L’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, poursuit la pratique de l’architecture comme plasticien. Ses photographies, collages et sculptures ont été exposés à la fondation d’entreprise Ricard, au centre d’architecture Arc en Rêve de Bordeaux, et dans les galeries Florence Léoni et Air de Paris. Antoine Espinasseau contribue régulièrement à Frog Magazine.
Journées d’étude : LES ARCHIVES PHOTOGRAPHIQUES D’EXPOSITIONS
JEUDI 17 OCTOBRE 2013 / 9h30 - 19h
INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris, salle Vasari, 1er étage
VENDREDI 18 OCTOBRE 2013 / 11h - 19h
Centre Pompidou, petite salle
Manifestement les expositions sont aujourd’hui l’un des vecteurs de patrimonialisation de l’art contemporain. Les photographies de vues d’expositions en sont à la fois l’instrument et la mémoire.
Ces journées d’étude ont pour objet de porter le débat non seulement sur la pratique et la production, mais encore et surtout, sur l’archive, ses usages, la diffusion et la réception de ces photographies documentaires. Elles sont organisées avec le soutien du LabEx Création Art Patrimoine (CAP).
La patrimonialisation est sujette à des stratégies. Le patrimoine devient un objet d’étude dès lors que l’on s’intéresse au discours de ceux qui le font exister. D’où la pertinence d’une interrogation des acteurs qui prennent indirectement part à cet inventaire. Qui va imposer scientifiquement et culturellement sa définition de ce qui est légitime ?
Remi Parcollet
Plus d’informations sur : http://histoiredesexpos.hypotheses.org/1472
SAMEDI 26 OCTOBRE 2013
14H-17H : Visite de l’exposition "On ne se souvient que des photographies" par Remi Parcollet et les étudiantes du Louvre
17H-19H : Projection du film de Pierre Leguillon : "Dominique Gonzalez-Foerster, Pierre Huyghe, Philippe Parreno", Arc, Musée d’Art moderne de la ville de Paris, 1999. Film inversible couleur 120
Pierre Leguillon, artiste, curateur et auteur, est connu pour avoir modifié le format des projections de diapositives pour présenter, non sans humour, des performances éclairantes et poétiques. Les "diaporamas" composés des clichés de l’artiste, produisent à travers un jeu de juxtapositions, des connections inattendues et de nouveaux systèmes de classification. Pierre Leguillon réalise également des assemblages énigmatiques et des dioramas qui explorent les oeuvres et la carrière d’artistes tels que Diane Arbus, Ad Reinhardt, Georges Ohr ou Jean Dubuffet. Le travail de Pierre Leguillon a été présenté dans des institutions du monde entier, notamment au Moderna Museet (Malmö, Suède, 2010), au Musée du Louvre (Paris, 2009), à Artists Space (New York, 2009). Il a publié le journalSommaire entre 1991 et 1996 dont le texte a été publié dans divers magazines (Purple, Art Press, Journal des Arts, etc.).
SAMEDI 9 NOVEMBRE 2013, 17H-19H
L’exposition de l’archive et du document
Causerie avec Dominique Païni et Didier Schulmann
Croisant les expériences de deux conservateurs - commissaires, cette rencontre propose d’aborder les questions relatives à l’exposition de l’archive et du document : enjeux historiographiques, déontologie, display. A travers les pratiques de Didier Schulmann et Dominique Païni, différents espaces de monstration du document seront confrontés et questionnés : de la bibliothèque au musée, de la galerie au centre d’art, quels effets découlent de l’espace d’exposition sur le document ? L’exemple du cinéma, soutenu par Dominique Païni, nous permettra d’ouvrir le champ de discussion sur l’art moderne et contemporain photographiés. Que reste-t-il de l’image animée dans l’espace d’exposition ? L’association d’images fixes comme « activité mentale » nous invitera à questionner le statut du document et son exposition autour de la notion de montage. La recherche et l’audace sont aussi au cœur de leurs taches respectives : l’innovation d’une exposition ne découle-t-elle pas en effet d’un préalable travail dans l’archive, tout aussi attentif qu’inédit ? Plus qu’un déploiement de la recherche, l’exposition devient dès lors l’occasion publique de comparaisons, d’innovations intellectuelles, d’une écriture de l’histoire de l’art.
Dominique Païni (né en 1947), ancien directeur du Département Culturel du Centre Pompidou, MNAM/CCI et de la Cinémathèque française, essayiste, critique de cinéma, commissaire d’exposition, enseignant à l’Ecole du Louvre. Il a développé une conception dynamique de la conservation et de la programmation des films à travers l’idée centrale de « montage » et du dialogue des images. Cette réflexion l’a peu à peu engagée vers l’exposition et le rapport du cinéma aux autres arts. Après Hitchcock, Cocteau et Godard, sa dernière exposition présentait Antonioni à Ferrare puis à Bruxelles.
Didier Schulmann (né en 1953), conservateur du patrimoine, est chef de service de la Bibliothèque Kandinsky, centre de documentation et de recherche du MNAM/CCI au Centre Pompidou, l’un des principaux lieux d’acquisition, de conservation, de consultation, de diffusion et d’exposition, en Europe, des sources, des archives et des publications rares de l’art, dans le monde, aux XXe et XXIe siècles. Il co-dirige le groupe de recherche « L’art moderne et l’art contemporain photographiés » à l’Ecole du Louvre.
SAMEDI 16 NOVEMBRE 2013, 17H-19H
On se souvient d’Harry Shunk
Une sélection de photographies de Shunk / Kender commentée par Remi Parcollet
Le fonds photographique de Shunk/Kender compte parmi les plus importantes archives sur l’histoire de l’art contemporain. Harry Shunk et Janos Kender sont associés entre 1958 à 1973, période durant laquelle ils ont crédité officiellement leur photographie "Shunk-Kender." Les archives Harry Shunk, conservées par la Fondation Roy Lichtenstein à New York sont constituées de plus 200.000 items, dont plus de 60.000 tirages photographiques documentant les activités de plus de 300 artistes. Des milliers de négatifs sous forme de planche-contacts n’ont jamais été tirés. Paradoxalement ces photographies, véritables documents critiques des scènes artistiques européennes et américaines, ont dans leur majeure partie rarement été diffusées, alors que certaines d’entre elles sont largement connues. Shunk/Kender sont intimement impliqués dès les années soixante, avec les artistes du Nouveau Réalisme puis du Pop Art et enfin de l’art conceptuel. Ils ont accompagnés les événements auxquels participèrent : Duchamp, Calder, Man Ray, Max Ernst, puis Newman, Twombly, Cage... Des artistes comme Yves Klein, Richard Serra ou Christo les ont associés directement à leurs projets. D’une manière générale, au cours de cette période, l’évolution des pratiques artistiques se concrétise de plus en plus de manière processuelles et éphémères sous forme de performances ou d’installations et le duo Shunk/Kender par leur geste photographique en devient bien souvent le coauteur. La photographie, au regard de l’art conceptuel, de la performance ou du land art est une trace résiduelle, une forme d’exégèse qui questionne la sauvegarde de l’éphémère, la nature et le statut de l’œuvre d’art en situation d’exposition.
Harry Shunk (Leipzig 1924- New York 2006) compte parmi les photographes d’artistes, d’œuvres d’art et d’exposition les plus important dans la seconde partie du XXe siècle. Il s’installe à Paris en 1956 puis à New York en 1967. Témoin des grands mouvements artistiques qui scandèrent la période allant des années 1960 jusqu’à sa mort, il collabora avec les figures majeures de l’avant-garde.
Remi Parcollet est historien et critique d’art membre de l’AICA (Art 21, Art Press, Critique d’art, 20/27). Ses recherches concernent principalement la photographie de vues d’expositions, un sujet sur lequel il a rédigé sa thèse de doctorat (2009, Paris IV Sorbonne). Parcollet est également titulaire d’un Master Professionnel intitulé « L’art contemporain et son exposition » (Paris IV Sorbonne). En 2010, il crée, avec Christophe Lemaitre et Aurélien Mole, la revue Postdocument une publication portant sur la photographie de vue d’exposition. Remi Parcollet enseigne à l’École du Louvre depuis 2007 et en 2012-2013 il a été Post-doctorant au Laboratoire d’Excellence Création, Art et Patrimoines en affiliation avec l’HICSA, Paris 1 et le MNAM-CCI / Centre Pompidou à Paris.
SAMEDI 23 NOVEMBRE 2013
13H : Visite taxi tram
17H-19H : Rencontre avec Syndicat (François Havegeer et Sacha Léopold) et Aurélien Mole autour de l’exposition et du catalogue On ne se souvient que des photographies.
Sacha Léopold et François Havegeer travaillent à Paris sous le nom de Syndicat. Ils investissent des projets transversaux de commandes graphiques où la pratique de l’image vient se confronter à l’installation et où la réalisation d’objets témoigne d’un questionnement des techniques d’impression. Cet intérêt quant à la fabrication et aux matériaux sensibles de la reproduction participe à l’identité de différentes productions éditoriales et le commissariat d’expositions.
Aurélien Mole est né en 1975 à Téhéran. Diplômé de l’école du Louvre en histoire de la photographie, il a poursuivi son cursus à l’école nationale supérieure de la photographie à Arles et l’a conclu par une formation sur les pratiques de l’exposition dirigée par Catherine Perret et Christian Bernard. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles à la Galerie Lucile Corty en 2009 (En bonne intelligence), galerie Florence Loewy en 2010 (Le Catalogue), à la villa du Parc en 2012 (Sir Thomas Trope). Il a participé à de nombreuses expositions collectives en France et en Europe (Cargo Culte à la Vitrine ; Répétition dans l’épilogue, galerie Lucile Corty ; If I can’t Dance I don’t want to be part of your revolution, Van Abbe Museum ; Double Bind, Villa Arson). Par ailleurs, il a publié régulièrement dans le magazine Art21, des critiques ayant trait à l’exposition ainsi que des monographies sur des artistes contemporains (Aurélien Froment, Guillaume Leblon, Gaël Pollin...). Il réalise aussi des expositions basées sur des dispositifs au sein du collectif le Bureau/(35h. aux Laboratoires d’Aubervilliers en 2004 ; P2P au Casino, Luxembourg, en 2008) et en son nom propre (Relationship of Command, Galerie J à Genève en 2007 ; Sfumato à Sassari en Sardaigne en 2008).
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