Proposition de colloque, Kadist Art Foundation
Un projet conçu par Anna Colin et Mélanie Bouteloup
Dans le cadre de la reconsidération des formes classiques de présentation (exercée plus particulièrement au cours des dix dernières années par nombre d’artistes, suivis de commissaires et de directeurs d’institution), la conférence et le séminaire ont émergé comme mode de dialogue effectif permettant de prendre position et de transmettre des savoirs d’une manière qui, selon certains, est parfois plus adaptée que l’exposition de par le caractère plus direct de la parole [1]. Cette ample observation a formé le point de départ de ‘Proposition de Colloque’ qui, comme le titre le suggère, se proposait de mettre en lumière différentes formes de prise de parole et façons d’établir un dialogue dans la production artistique et curatoriale actuelle. Artistes, designers et commissaires travaillant sur les notions de dialogue et de réseau, et traitant la conférence et la discussion comme médium artistique ou curatorial, ont été invités à exposer leur pratique par le biais de présentations, d’interventions et de débats [2].
Il s’agissait non seulement de rendre compte d’une pratique désormais courante – celle par laquelle la conférence, le séminaire ou le workshop (réalisés à huis-clos ou publics) sont pensés comme oeuvre ou processus – mais aussi de mettre à jour quelques méthodes de travail curatorial réfléchissant aux discours mis en oeuvre avant l’heure de l’exposition, et engagé dans un exercice de conceptualisation collaborative et de réalisation évolutive. ‘Proposition de Colloque’ a été conçu dans le but de partager des modes de fonctionnement, de provoquer des rencontres et d’évaluer le potentiel d’action de la parole dans les différents contextes présentés.
Organisé sur deux jours, ‘Proposition de Colloque’ a été composé de trois phases. La matinée de la première journée intitulée « Arts de faire : mutualisations, constructions, collaborations » s’est penchée sur le thème de la mise en relation et de la création de réseau comme précepte théorique – on a pensé notamment à l’idée d’auto-éducation – et comme mode d’action civique et politique. Le réseau a été abordé comme un espace ouvert permettant (via l’élaboration d’un dialogue entre disciplines et le partage d’aptitudes) la participation à la mise en place de politiques communes (Zagreb Cultural Kapital 3000) ; la création de liens avec la société civile (La Générale) et le développement d’une production artistique et de savoirs au sein d’un foyer autogéré, en dehors du modèle institutionnel traditionnel (PAF). L’après-midi de cette même journée nommée « Mises en scène : méthodes de travail et de présentation basées sur la prise de parole et l’échange », a observé des pratiques plus réflexives en se concentrant plus particulièrement sur les stratégies discursives employées par les commissaires et les critiques pour s’extraire des formats conventionnellement attachés à la présentation de l’activité artistique.
Enfin, sous le titre de « La parole en acte », la seconde journée a présenté le travail des artistes Benoît Maire et Patrick Bernier qui, respectivement, selon un dialogue avec lui-même et avec un conteur, proposent une étude de la parole. En conclusion à ‘Proposition de Colloque’, le groupe de designers londoniens (åbäke) a performé « My Dinner with åbäke, présentation formelle », une intervention prenant pour point de départ leur série de conférences ‘Presentation Formal’.
[1] A titre d’exemple on a noté notamment les projets sur le long terme comme les lundis de 16 Beaver (New York) ou les séminaires réguliers de Maria Lind (Iaspis, Stockholm) et de WHW (Zagreb) ; les évènements ponctuels tels que ‘Something you should know : artistes et producteurs aujourd’hui’, conçu et organisé par Patricia Falguières, Elisabeth Lebovici, Hans-Ulrich Obrist et Natasa Petresin dans le cadre du CESTA/EHESS (2007) ou encore ‘Rotterdam Dialogues : The Periphery Complex’ organisé par Nicolaus Schafhausen, Ariadne Urlus and Zoë Gray au Witte de With, Rotterdam (2007) ; les écoles limitées dans le temps comme ‘L’école de Stéphanie’ à la Force de l’Art, Paris (2006) ou ‘United Nation Plaza’, Berlin (2006-2007).
[2] Les participants sont essentiellement établis en France.
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