Les « midideux »
Les « midideux » filmés à Bétonsalon – Centre d’art et de recherche, en partenariat avec l’université Paris Diderot.
Une occasion de découvrir des recherches variées, en écho à l’installation de Candice Lin et d’assister à l’évolution et au découpage progressif de la chambre en porcelaine non cuite durant les dernières semaines de l’exposition.
Jeudi 7 décembre, 12h30, Traverser les océans du monde. Pourquoi les européens ont-ils été chercher de la porcelaine jusqu’à Canton ?
Sébastien Pautet, doctorant contractuel en Histoire moderne, université Sorbonne Paris Cité (USPC), université Paris Diderot, U.F.R. Géographie, Histoire, Economie et Sociétés (GHES), laboratoire Identités-Cultures-Territoires (EA 337)
Cette conférence se propose de plonger dans le monde des échanges au siècle des Lumières. La porcelaine a constitué un objet, une technique, une image, une projection phare des connexions entre les mondes européens et extra-européens, mettant en contact les rives de Canton et les boutiques parisiennes, les mines du Pérou et les cales des navires contournant le continent africain. Elle est tout à la fois objet de haute technologie et objet de convoitise, mais elle est surtout la caisse de résonance des bouleversements qui touchent alors le monde social, économique et culturel d’une Europe qui n’est encore que l’une des provinces du monde. Pour comprendre de quoi la porcelaine est le nom, il faut reprendre son chemin emprunté entre la Chine et l’Europe et chercher comment, derrière quelques morceaux de vaisselle, se jouaient en fond les dynamiques profondes qui allaient bouleverser l’équilibre du monde à l’aube de la première industrialisation.
Vendredi 8 décembre, 12h30, De la découverte à la mesure du monde : nouvelles fonctions du voyage au temps des Lumières
Marie-Noëlle Bourguet, professeur émérite d’histoire moderne à l’université Paris Diderot
La Condamine, Cook, La Pérouse, Saussure, Humboldt, Mungo Park : ces noms suffisent à évoquer l’épopée des voyageurs qui achèvent au XVIIIe siècle la reconnaissance des océans, progressent dans l’exploration des continents, entreprennent l’ascension des plus hauts sommets. Ce qui définit la nouveauté de ces expéditions tient moins, pourtant, à la découverte d’espaces restés inexplorés qu’à l’ambition de mesure, de précision et d’exactitude qui animait les voyageurs et légitimaient leur entreprise.
Jeudi 14 décembre, 12h30, Autour de la chambre
Pascal Dibie, ethnologue, professeur émérite à l’université Paris Diderot, Vice-président à la Culture et à l’Université dans la Ville
« Dormir n’est pas un petit tour de force, il faut y veiller tout le jour durant » disait Nietzsche. À voir l’œuvre de Candice Lin on pourrait même ajouter que dormir dans une chambre n’est pas une sinécure, autrement dit une situation de tout repos... C’est que la chambre et son lit nous entraînent dans une histoire horizontale de l’humanité dont on ne mesure pas tous les jours la profondeur et la complexité. Pascal Dibie nous emmènera dans l’intimité des époques historiques, des hommes, des femmes et des civilisations qui ont fait des choix de couchages si différents pour des besoins biologiques pourtant semblables : se défatiguer !
Mercredi 20 décembre, 12h30, La couleur des choses. Ségrégation et objets quotidiens aux États-Unis
Paul Schor, historien, maître de conférences à l’UFR d’Études anglophones de l’université Paris Diderot (UMR LARCA)
À travers quelques exemples d’objets et de lieux de consommation en apparence banals, une voilette en 1865, un compartiment de train pour « Ladies » dans les années 1890, un carnet de chèque dans une petite ville d’Arkansas en 1915, il s’agira de comprendre comment la domination blanche (« white supremacy ») colore la vie quotidienne dans le Sud des États-Unis selon les lignes de classe et de genre, faisant de tout ce qui se vend et s’achète l’enjeu d’un conflit sans merci autour de la répartition des richesses.
Vendredi 22 décembre, 12h30, Traversées : les corps de l’histoire et la fin d’un monde
Pauline Vermeren, docteure en philosophie politiques et chercheure affiliée au Laboratoire de changement social et politique (LCSP) de l’université Paris Diderot
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