Evénements
Jeudi 16 juin 2011, 19h-21h30
Ils visent l’invisible, qui nous tenait lieu de bonheur
Etel Adnan, Jenin, 2004
The Otolith Group, Nervus Rerum, 2008, 32 min
Juliano Mer-Khamis et Danniel Danniel, Arna’s Children, 2004, 84 min
Le 4 avril 2011, Juliano Mer-Khamis, acteur, réalisateur, et activiste politique de parents israéliens et palestiniens, et directeur artistique du Théâtre de la liberté du camp de réfugiés de Jénine, était assassiné par un homme masqué juste devant le théâtre qu’il avait reconstruit. Conçu comme un hommage à Juliano Mer-Khamis, cette soirée propose un mode de pensée détourné sur la condition de l’occupation de la Cisjordanie. Les questions soulevées par cet acte fatal sont explorées dans une soirée de poésie, film et discussion, chacun offrant une ouverture vers la réflexion sur les politiques d’occupation et de violence. La soirée commence avec la lecture du poème Jenin par l’auteure et poétesse Etel Adnan, et est suivie par les projections de Nervus Rerum, réalisé par Otolith Group à Jénine en 2008 et du documentaire primé Arna’s Children. Réalisé par Juliano Mer-Khamis et Danniel Danniel, Arna’s Children a été filmé à Jenine entre 1996 et 2002, après la “bataille de Jenine”, pendant la seconde Intifada. Le film raconte la montée et la chute du premier projet de théatre fondé par la mère de Juliano, Arna Mer Khamis (1931-1994), qui était une politique israélienne et une activiste des droits de l’homme. La soirée se termine par une discussion avec Etel Adnan, Kodwo Eshun et Anjalika Sagar d’Otolith Group, et le réalisateur et écrivain Eyal Sivan.
Vendredi 17 et samedi 18 Juin 2011, 9h30-19h30
Les voies de la révolte : cinéma, images et révolutions dans les années 1960-1970 MUSEE DU QUAI BRANLY
Prenant la forme de presentations, de projections et de débats, ces deux journées complémentaires – la première conçue autour d’un numéro spécial de la revue Third Text consacrée à l’image militante, édité par Kodwo Eshun et Ros Gray, et la seconde développée par Teresa Castro autour du cinema révolutionnaire d’Afrique lusophone – explorent les affiliations et héritages des cinémas des mouvements de libération.
Participants : Mathieu K. Abonnenc, Nicole Brenez, Jonathan Buchsbaum, Teresa Castro, José Filipe Costa, Margaret Dickinson, Kodwo Eshun, Elisabete Fernandes, Ros Gray, Olivier Hadouchi, François Lecointe, Sarah Maldoror, Lúcia Ramos Monteiro, Raquel Schefer et Catarina Simão.
Les voies de la révolte est inscrit dans le contexte de ’Sous le ciel libre de l’histoire’, un séminaire mensuel au musée du quai Branly qui explore différents modes de conception et d’écriture de l’histoire.
Vendredi 1er Juillet, 19h-22h
UIQ - A Space Oddity
Une conférence performée par Silvia Maglioni & Graeme Thomson, suivie d’une discussion avec Isabelle Mangou et Anjalika Sagar et Kodwo Eshun d’Otolith Group.
Après la publication en 1980 de Mille Plateaux, un ouvrage qui pour beaucoup marque le point culminant des aventures intellectuelles de Félix Guattari avec Gilles Deleuze, Guattari commence à travailler sur Un amour d’UIQ, un script pour un film de science-fiction. Initialement développé avec le réalisateur Robert Kramer, le script d’UIQ (Univers Infra-Quark) occupera Guattari sporadiquement pendant sept ans.
Influencé à la fois par son travail avec des psychotiques à la clinique La Borde et par son engagement avec la politique radicale, UIQ offre un modèle pour un cinéma ‘populaire’ subversif (Guattari avait l’ambition de faire un film à Hollywood avec Michael Phillips qui était alors le producteur de Spielberg) aux codes sémiotiques brouillés, aux affectes impersonnels et trans-personnels et aux devenirs minoritaires qui, si le film était produit, serait de la science-fiction pure.
Cependant, dans son désir de réaliser le film dans l’arène commerciale comme un blockbuster de science-fiction, Guattari voulait en réalité faire monter les enchères de son propre engagement politique, tentant de pénétrer dans la dream factory pour reconfigurer les modèles de désirs collectifs inconscients.
Dans cet essai audiovisuel, première étape d’un projet multiforme autour d’UIQ (qui inclura aussi une publication du script en collaboration avec la psychanalyste Isabelle Mangou), les artistes et réalisateurs Silvia Maglioni & Graeme Thomson examinent l’évolution du script d’UIQ dans le contexte d’une résurgence générale de l’intérêt pour la science-fiction à la fin des années 1970 et au début des années 1980. C’est autour de cette période que la science-fiction devient la toile de projection et de deuil pour les fantômes dispersés du désir révolutionnaire déçu, dans lequel l’altérité radicale d’un ‘en-dehors’ politique est de plus en plus projeté non plus au travers de l’imaginaire d’une lutte collective, mais en terme de rencontres avec des intelligences extra-terrestres et des forces de vie – rencontres qui sont configurées au sein d’un continuum qui court de l’interface à l’intercorps à l’intercerveau.
UIQ imagine une substance de vie infra-cellulaire hyper intelligente, capable tant de transmettre sa volonté naissante à travers de réseaux de communication globaux, que de se brancher aux ’machines désirantes’ précaires de la communauté des outsiders sociaux et psychologiques. Le film pourrait être considéré comme une réponse interbrane ‘moléculaire’ à une clôture imaginaire et idéologique qui commença à se répandre dans les années 1980, relayée par les esthétiques de la nostalgie postmoderne. Le film non réalisé de Guattari contient des implications intéressantes pour le cinéma comme pour les pratiques collectives dans sa manière de promettre de reconnecter les circuits dominants de spectacle et de la subjectivation.
En plaçant les échos du script inachevé en relation avec un montage de scènes de films de science-fiction de la même période – de Solaris et Stalker de Tarkovsky à Close Encounters et ET de Spielberg, en passant par Demon Seed, The State of Things, Blade Runner, Videodrome, Starman et d’autres encore – Maglioni & Thomson visent à isoler la singularité d’UIQ dans la dimension virtuelle de ce qu’il aurait pu être et de ce qu’il peut encore devenir.
À travers le script d’UIQ on peut voir, dans un mouvement qui diverge de l’étude philosophique monumentale de Deleuze sur le cinéma, Image mouvement/ image temps, l’émergence d’une théorie et d’une pragmatique indéterminée guattarienne pour un cinéma mineur. Bien que, ou peut-être parce que, le film n’ait jamais été fait, les éléments d’UIQ referont surface dans quelques-uns des concepts développés dans son dernier travail théorique majeur, Chaosmose, à la manière d’une pensée alien qui zigzague entre théorie et fabulation, science et fiction.
Samedi 2 juillet, 14h-18h
Communism’s Afterlives
Un séminaire proposé par Nataša Petrešin-Bachelez et Elena Sorokina, avec Catherine David, Ahmad Ghossein, Anjalika Sagar et Kodwo Eshun d’Otolith Group, Georg Schöllhammer et Mila Turajlic.
À travers une série de dialogues, le séminaire retrace différents engagements générationels avec l’héritage du communisme et ses tournants (im)prévus dans la pensée philosophique et artistique récente.
Vu d’un présent où le communisme a réémergé comme sujet d’investigation dans la production artistique et curatoriale, le séminaire questionne la pertinence de ce terme et invite des comparaisons avec les temps actuels.
Cet événement bénéficie du soutien de l’OCA - Office for Contemporary Art Norway, Oslo
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