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« L’ENVOYÉ : Ce qui compte, c’est la lecture ou l’Image. L’Histoire fut vécue afin qu’une page glorieuse soit écrite puis lue. (Aux photographes.) La Reine me dit qu’elle vous félicite, messieurs. Elle vous demande de gagner vos postes. »
Jean Genet, Le Balcon, 1956.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
Le jour d’après s’inscrit dans la lignée d’un projet au long cours développé par Maryam Jafri depuis 2009 : Independence Day 1934-1975, une installation composée de photographies du jour de l’indépendance dans les anciennes colonies européennes en Asie et en Afrique, prises entre 1934 et 1975.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Maryam Jafri, "Independence Day 1934-75", 2009-en cours. Image © Aurélien Mole.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Détail de Maryam Jafri, "Independence Day 1934-75", 2009-en cours. Image © Aurélien Mole.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Détail de Maryam Jafri, "Independence Day 1934-75", 2009-en cours. Image © Aurélien Mole.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Détail de Maryam Jafri, "Independence Day 1934-75", 2009-en cours. Image © Aurélien Mole.
Issues des pays concernés (afin de faire ressortir, selon les mots de l’artiste, « la manière dont les états d’Asie et d’Afrique anciennement colonisés préservent les images fondatrices de leur avènement en tant que nations indépendantes »), ces photographies révèlent d’étonnantes ressemblances malgré des origines géographiques et chronologiques différentes, dans la mise un scène d’un modèle politique exporté depuis l’Europe et en passe d’être dupliqué à travers le monde.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Détail de Maryam Jafri, "Independence Day 1934-75", 2009-en cours. Image © Aurélien Mole.
L’historienne malgache Helihanta Rajaonarison a enquêté auprès de citoyens malgaches ayant vécu les événements liés à l’indépendance de Madagascar. Leurs récits, s’éloignant de l’image officielle des photographies, révèle la complexité et la variété de la perception de ces événements, réactivée par le prisme des photographies.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Détail de la contribution d’Helihanta Rajaonarison, prêt du fonds ANTA. Image © Aurélien Mole.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Contribution d’Helihanta Rajaonarison, prêts du fonds ANTA. Image © Aurélien Mole.
« Encore une chose », précise l’écrivain, poète et auteur dramatique français Jean Genet dans Comment jouer Le Balcon : « ne pas jouer cette pièce comme si elle était une satire de ceci ou de cela. Elle est – elle sera donc jouée comme – la glorification de l’Image et du Reflet. Sa signification – satirique ou non – apparaîtra seulement dans ce cas. »
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
Une indépendance peut en cacher une autre… Fable à la fois drôle et amère, Toba Tek Singh est la dernière nouvelle de l’écrivain pakistanais Saadat Hasan Manto, né en 1912 aux Indes britanniques et mort en 1955 au Pakistan. Critique à peine déguisée des violences provoquées par la Partition, la nouvelle dépeint le traumatisme d’un homme auquel on réassigne contre son gré une identité et un territoire.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Saadat Hasan Manto, "Toba Tek Singh", 1955 et "Vrishchik", 1971 (Prêt de la Bibliothèque Kandinsky, MNAM – CCI). Image © Aurélien Mole.
En 1971, le magazine d’art indien Vrishchik (fondé par l’artiste et critique Gulammohammed Sheikh à l’école des Beaux-arts de Baroda en 1969) dédie quant à lui un numéro à la lutte du Bangladesh pour son indépendance à l’égard du Pakistan.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. "Vrishchik", 1971 (Prêt de la Bibliothèque Kandinsky, MNAM – CCI). Image © Aurélien Mole.
« Toutes les archives publiques iraquiennes ont été présumées détruites lors de l’invasion de 2003. (...) En 2012, la compagnie américaine Tehrkot Media s’est dite en possession de telles images : des photographies montrent le roi Fayçal Ier dans les jardins de son palais, prononçant un discours devant un parterre d’Anglais et de personnalités iraquiennes. (...) En 2014, Tehrkot Media fait faillite. Le site et ses images ont depuis disparu. » (Maryam Jafri)
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
Dans les années 2010, la situation économique du Portugal pousse le pays à faire appel à son ancienne colonie, l’Angola – à la riche industrie pétrolière – pour investir et renflouer ses caisses. Un « renversement de situation » qui ne laisse pas indifférente la presse internationale.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
Cette photographie de Pamphile Kasuku, tirée du livre de Jürg Schneider, La présence du passé. Une histoire de la photographie au Burundi, 1959-2005 (Bujumbura, 2008) représente l’assassinat du premier ministre Burundais Louis Rwagasore au lendemain de l’indépendance. La mort du leader nationaliste — dont on soupçonne le gouvernement belge d’être commanditaire — et trait d’union entre Tutsi et Hutu au Burundi, a donné libre cours aux tensions entre les deux groupes.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Jürg Schneider, "La présence du passé. Une histoire de la photographie au Burundi, 1959-2005", Bujumbura, 2008 (crédit : African Photography Initiatives). Image © Aurélien Mole.
L’année 1960 voit une vague de décolonisations en Afrique subsaharienne. Souvent à l’issue d’accords à l’amiable, 14 pays accèdent à l’indépendance. Des étudiant-e-s du Master I Journalisme, Culture et Communication Scientifique de l’université Paris Diderot retracent les différentes représentations de ces événements.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche. Contribution des étudiants du Master I Culture, journalisme et communication scientifiques de l’université Paris Diderot, 2015. Image © Aurélien Mole.
Le bouquet présenté ici par Kapwani Kiwanga, tiré de la série Flowers for Africa, a été reconstitué d’après la photographie d’une cérémonie célébrant l’indépendance de la Fédération du Mali en juin 1960. Recréés par Kapwani Kiwanga d’après photographie, les bouquets de Flowers for Africa évoquent par métonymie la mise en scène des transferts de pouvoir au moment des indépendances, tout en proposant une relation anachronique et performative aux documents (absents) dont ils sont inspirés.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Kapwani Kiwanga "Flowers for Africa, Fédération du Mali", 2012. Image © Aurélien Mole.
Photographies mal attribuées prises par Maryam Jafri à la Bibliothèque Nationale de Jordanie et à la Kuwait National Oil Company.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Photographies mal attribuées dans les archives du Koweit et de Jordanie. Image © Aurélien Mole.
Franck Komlan Ogou (archiviste, gestionnaire du patrimoine culturel, responsable de programme et enseignant formateur à l’Ecole du Patrimoine Africain, Porto Novo, Benin), mène depuis plusieurs années un travail pour la sauvegarde de fonds d’archives photographiques au Bénin. Il partage dans l’exposition un état des lieux en images, ainsi qu’un projet de conservation.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
« Récemment, en parcourant le site Getty Images, j’ai réalisé que j’avais déjà vu certaines des images historiques du Ghana dont Getty Images attribuait le copyright aux archives du Ministère Ghanéen de l’Information. Les images que s’étaient appropriées à la fois Getty et le Ghana n’étaient pas n’importe quelles images : il s’agissait de photographies de l’indépendance du Ghana datées du 6 mars 1957, documentant le premier cas de libération du joug occidental en Afrique subsaharienne... " (Maryam Jafri)
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Maryam Jafri, "Getty Vs. Ghana", 2012. Image © Aurélien Mole.
S.N.S. Sastry a travaillé comme cameraman pour les Film Divisions, une organisation gouvernementale qui se présente comme « l’organe d’information officiel de l’Inde ». I am 20 (1967), film qu’il réalise pour commémorer les vingt ans de l’indépendance indienne, complique la perception d’une identité nationale unie à travers une série d’entretiens avec de jeunes gens nés en 1947 à propos ce que l’Inde veut dire pour eux.
- Maryam Jafri, vue de l’exposition "Le jour d’après", à Bétonsalon – Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
Une vidéo, une édition et une sculpture réalisées par Soufiane Ababri et les participant-e-s de l’atelier Denis Diderot composent un journal de bord de leurs tentatives de « rentrer dans l’histoire » à travers différentes actions, autant d’essais de résister à la manipulation de l’histoire, de cesser d’être dit pour dire.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Soufiane Ababri "Des tentatives invérifiables de rentrer dans l’histoire", 2015. Image © Aurélien Mole.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Soufiane Ababri "Des tentatives invérifiables de rentrer dans l’histoire", 2015. Image © Aurélien Mole.
Les chercheurs Cédric Vincent et Dominique Malaquais et les étudiant-e-s du Master I Journalisme, Culture et Communication Scientifiques de l’université Paris Diderot retracent certaines des pérégrinations du FESTAC Mask pour porter un regard nouveau et politiquement riche sur ce qui fut un des grands moments de l’euphorie panafricaine des premières années de l’Indépendance.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Avec la contribution de Dominique Malaquais, Cédric Vincent et les étudiants du Master I Journalisme, culture et communication scientifique de l’université Paris Diderot. Image © Aurélien Mole.
Issues du travail de différents interlocuteurs associés à la recherche de l’artiste au cours des dernières années, ou invités par Bétonsalon – Centre d’art et de recherche, ces contributions s’attachent à remettre en jeu à la fois les photographies elles-mêmes – leur contexte de production, les récits historiques qui leur sont rattachés ; mais aussi leur statut actuel – lié à des problématiques de conservation aux enjeux patrimoniaux et internationaux ; et enfin les bouleversements géopolitiques et culturels amorcés par les événements qu’elles représentent.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
- Vue de l’exposition de Maryam Jafri, "Le jour d’après", Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2015. Image © Aurélien Mole.
Retrouvez les récits associés à l’exposition dans le journal BS #18.
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