Les Sessions du samedi
Le samedi à 15h
Une série d’invitations lancées à des participants issus de différents domaines qui donne lieu à un programme de rencontres hebdomadaires les samedis après-midi pour élargir la réflexion menée dans les « Secession Sessions » au-delà de la question de l’Abkhazie.
Moyens techniques : Khiasma www.khiasma.net
Retrouvez l’intégralité des Saturday Sessions sur la radio web R22-Grand Paris (www.r22.fr)
Session 1
18 janvier 2014
Improbable Abkhazie*
Une conversation entre Maxim Gvinjia & Leon Colm
Max et Leon se sont rencontrés en 2000. Max travaillait au Ministère des Affaires étrangères d’une Abkhazie auto-proclamée, alors que Leon enseignait à l’Université de Londres sur des questions de sécurité et de séparatisme. Ils passèrent l’été ensemble, se promenant à travers l’Abkhazie, parlant de l’indépendance, nageant beaucoup, et devinrent amis. Quelques années plus tard, ils se retrouvèrent assis de part et d’autre d’une table de négociation à Genève. Maxim avait grimpé les échelons du Ministère des Affaires étrangères, tandis que Leon travaillait pour plusieurs organisations internationales à la résolution du conflit entre l’Abkhazie et la Géorgie. Max devint finalement Ministre des Affaires étrangères, et Leon conseiller en chef pour une organisation internationale travaillant sur la gestion des conflits dans l’ex-Union soviétique. Pour les « Sessions du Samedi », une discussion entre Max et Leon revisitera l’Histoire – l’effondrement de l’URSS, la montée des États séparatistes – et une histoire, celle de deux hommes, de deux amis. Une petite histoire dans la grande Histoire. Aujourd’hui, ni Max ni Leon ne travaillent officiellement pour ou sur l’Abkhazie. Que reste-t-il après tant d’années de représentation et d’administration ?
Maxim Gvinjia est ancien Ministre des Affaires étrangères d’Abkhazie. Avant d’être nommé par le gouvernement de Sergueï Bagapsh, le 26 février 2010, Maxim Gvinjia était Ministre adjoint aux Affaires étrangères depuis 2004. Maxim Gvinjia est né le 13 Mars 1976 à Sukhumi, en URSS. En 1998, il est sorti diplômé de langues étrangères de l’Institut d’État de Gorlovsky en Ukraine.
Leon Colm
Docteur de l’Université d’Oxford, il a voyagé et écrit à propos des États séparatistes issus de l’éclatement de l’ancienne Union Soviétique, tant comme spécialiste que comme négociateur pour plusieurs organisations internationales. Il a enseigné à l’Université d’Oxford et au King’s College de Londres, et a été chercheur au St Antony’s College et à l’Institut Royal des Affaires Internationales. Auteur de nombreux livres en anglais sur la sécurité européenne et les conflits, il est également l’auteur d’un essai en français, Improbable Abkhazie (Éditions Autrement, 2009).
*cet événement sera en anglais
Session 2
25 janvier 2014
Ruse de l’identité et fictions dangereuses
Un chantier animé par la revue Vacarme
Nul n’est certain de savoir ce que signifie « identité », mais il est certain que toutes les minorités ont besoin de se fictionner des identités. Fictionner, c’est à la fois vendre la mèche et se dissimuler, résister à l’ordre dominant et accepter son jeu mais en y jouant autrement. Pourtant lorsque la ruse de l’identité devient projet national et désir d’État, elle risque sans cesse de sombrer dans des reterritorialisations violentes ou tristes. Profitant de l’invitation des « Secession Sessions », Vacarme propose de tenir avec le public un Comité de rédaction fictif à toute fin de réfléchir un moment à l’articulation possible entre les différentes lignes qui la préoccupent : les fictions, les politiques d’émancipation, le rapport à l’État, et la montée des fascismes européens.
Vacarme est une revue trimestrielle publiée sur papier et prolongée en ligne, qui mène depuis 1997 une réflexion à la croisée de l’engagement politique, de la création artistique et de la recherche.
Une volonté de décloisonner les savoirs
Vacarme est née de la rencontre d’individus engagés dans différents mouvements sociaux – notamment la lutte contre le sida et la défense des sans-papiers – et de leur désir de confronter ce qu’ils apprenaient du monde depuis leur expérience politique au savoir qu’ils forgeaient dans leurs travaux respectifs de chercheurs, d’enseignants, d’écrivains, de thérapeutes ou d’artistes. Ils ont voulu que Vacarme soit un lieu d’échanges entre réseaux militants, intellectuels et artistiques, un espace qui échappe aux séparations traditionnelles entre la pratique et le savoir, la politique et l’art, l’urgence d’agir et la nécessité de penser.
Session 3
1er février 2014
Désir d’État*
Un séminaire de Nataša Petrešin-Bachelez & Elena Sorokina
En droit international, les raisons pour lesquelles des entités non-autonomes aspirent à l’indépendance sont énumérées comme suit : la notion de souveraineté et le désir d’indépendance et d’auto-détermination sont les aspirations qui viennent en premier ; l’opportunité de rejoindre des organisations internationales ouvertes uniquement aux États indépendants, la perspective d’être impliqué dans les Affaires étrangères et le droit d’utiliser la force en cas de légitime défense sont tout aussi importants. Mais qu’est-ce qui alimente ces désirs, quels affects sont en jeu, comment sont-ils suscités et exprimés ? Produite collectivement, la lutte pour la reconnaissance et la souveraineté est un type particulier d’affect, qui heurte généralement les strictes lois et règlements internationaux. Les intervenants invités présenteront leurs réflexions et perspectives sur un ensemble de sujets, allant de l’expression visuelle à la (re-)construction fictionnelle, en passant par des études de cas de différents endroits du monde. À la fin du séminaire, le clip de Björk Declare Independance sera projeté et analysé.
Nataša Petrešin-Bachelez est curatrice et critique basée à Paris et Ljubljana. Elle co-dirige à l’EHESS de Paris un séminaire sur les pratiques artistiques contemporaines avec Patricia Falguières et Élisabeth Lebovici. Elle a été co-directrice des Laboratoires d’Aubervilliers de 2010 à 2012. Depuis 2011, elle est rédactrice en chef de Manifesta Journal. Around Curatorial Practices. En 2014, elle est commissaire invitée pour la programmation Satellite du Jeu de Paume, Paris.
Elena Sorokina est une curatrice et historienne de l’art russe, vivant à Paris et diplômée du Whitney Museum of American Art FAI à New York. Elle a récemment co-organisé « espaces d’exception » un projet spécial pour la Biennale de Moscou et le colloque « Qu’est-ce qu’une exposition postcoloniale ? », un projet de collaboration de SMBA / Stedelijk Museum d’Amsterdam et le Stedelijk Museum. Elle a publié dans de nombreux catalogues, et a écrit pour les revues Artforum, Flash Art, Cabinett Magazine, Manifesta Journal, Moscou Art Magazine, et d’autres publications.
Biographie des intervenants :
Keti Chukhrov est professeure associée au département « Art Theory et Cultural studies » à l’université d’Etat Russe de Sciences Humaines à Moscou. Elle est l’auteure de nombreux textes sur la théorie de l’art, la culture, la politique et la philosophie, publiés dans des périodiques, parmi lesquels Afterall, Artforum, Brumaria, documenta magazine, eflux Journal, New Litterary Review et Springerin. Ses livres incluent « To Be – To Perform. Theatre » in Philosophical Criticism of Art (2011) ; Pound & £ (1999), et deux volumes de poésie dramatique : Just Humans (2010) et War of Quantities (2004). Ses performances les plus récentes incluent Communion and Elpida et Les Grecques, toutes deux datées de 2010. Récemment, elle a représenté son opéra dramatique Afgan Kuzmiki à la quatrième Biennale de Moscou (2011), à la première Biennale de Kiev (2012), à la Wiener Festworen à Vienne (2013), et à la Biennale de Bergen (2013). Keti Chukhrov vit et travaille à Moscou.
Dean Inkster enseigne l’histoire et la théorie de l’art à l’Ecole supérieure d’art et design Grenoble - Valence. Au cours des trois dernières années, il a été co-commissaire des expositions "Cornelius Cardew et la liberté de l’écoute" autour du compositeur anglais Cornelius Cardew et "Anarchism Without Adjectives : On the Work of Christopher D’Arcangelo (1955-1978)" à propos de l’artiste nord américain Christopher D’Arcangelo, qui ont été présentées en Europe et en Amérique du Nord, et pour la première fois en France au CAC Brétigny.
Caecilia Tripp engage des formes participatives de liberté, de désobéissance civile au carrefour de la globalisation, à travers le film, la performance, la photographie et l’imaginaire social. Elle a exposé dans des institutions internationales parmi lesquelles : PS1/MOMA (New York / USA), au Musée d’Art Moderne (Paris / France), De Appel (Amsterdam / Pays-Bas), Roomade (Bruxelles / Belgique), Center Of Contemporary Arts (New Orleans / USA), à la 7ème Biennale de Gwangju (2008, Gwangju / South Korea), Clark House Initiative (Bombay, Inde). The Making of Americans (2004) a obtenu le prix du meilleur film expérimental au Cinema Paradise, Hawai / USA et a été présenté à la Mostra 61 de Venise. Elle fait partie d’Afrikadaa Magazine.
*cet événement sera en anglais
Session 4
8 février 2014
Les petits papiers de l’État
Une conférence de Fabien Jobard
L’État, dit-on, est le monopole de la violence. L’État, ce serait d’abord l’armée, la police, la prison. Mais à bien y regarder, l’État est surtout un édifice de papiers. Il tire sa légitimité d’une Constitution écrite, non plus d’un droit coutumier ou divin. Ce document, et les Sceaux qui l’attestent, sont précisément gardés par le même ministère que celui qui gère les peines et les prisons. L’État et ses agents disposent d’une autorité, d’une puissance qui est avant tout de papier.
À partir d’une recherche que nous avons menée à Paris sur les contrôles d’identité, cet acte si particulier qui voit des agents dépositaires de l’autorité publique relever l’identité des individus à partir de leurs papiers, nous vous proposons d’éclairer la formation de l’État saisie dans l’histoire et la consistance des papiers qui font le lien entre les individus et la puissance publique. Avoir des papiers. Avoir ses papiers. Perdre ses papiers. Les présenter. Est-ce bien ainsi que l’on fait État ?
Fabien Jobard est directeur de recherches au CNRS. Il travaille sur la sociologie de la police, de la justice pénale et des violence collectives. En 2009, avec René Lévy et John Lamberth, il a réalisé l’enquête sur les contrôles d’identité qui a ouvert un espace inédit de discussion autour du contrôle préventif d’identité et des éventuels récépissés issus de ces contrôles. Il a récemment produit, dans la revue Critique, une recension critique, justement, des cours de Pierre Bourdieu, Sur l’État et participe au projet de P. Le Galès et Demond King, Restructuring European States (CNRS / U. Oxford).
Session 5
15 février 2014
The Bergen Sessions*
Une retransmission en direct depuis Bergen Kunsthall
*cet événement sera en anglais
http://www.ustream.tv/channel/platform-bergen-kunsthall
Session 6
22 février 2014
The Secession Sessions est WithOut Wall
Une intervention du collectif WithOut Wall (Géorgie)
La création d’un État souverain est-il encore le seul moyen aujourd’hui de permettre à un peuple son émancipation et son autonomie ? De protéger et nourrir ses spécificités culturelles et ses traditions ? Comment définir une forme culturelle spécifique, et de surcroît, dans l’une des régions les plus riches ethniquement, telle que le Caucase ?
« The Secession Sessions » accueillent une autre institution tout aussi concrète qu’immatérielle de la région du Caucase à Bétonsalon : le WithOut Wall, basé à Tbilissi. Ce groupement ouvert et sans structure réelle, qui squatte un terrain dans la banlieue de la capitale géorgienne, développe des activités artistiques alternatives, à l’écart de l’idée de célébration d’une identité culturelle et des politiques artistiques soutenues par l’État Géorgien.
Fondé en 2011 par l’artiste Gela Patashuri, le projet WithOut Wall regroupe les artistes Giorgi Kobiashvili, Eduard Oganov, Mari Tipukhian, Sergo Zhornitski, Tamar Mdivani. WithOut Wall est un projet sans structure et sans toit dont les activités ont principalement lieu sur un terrain acquis en 2006 par le commissaire d’exposition Daniel Baumann pour y construire le Tbilisi Center for Contemporary Art (TCCA). Face aux manques d’opportunités offertes aux jeunes artistes à Tbilissi, WithOut Wall s’est constitué afin d’offrir un espace ouvert de recherche, de production, de développement de processus créatifs expérimentaux et de discussions. Quand il n’y a pas d’autre alternative, vous faites juste ce que vous voulez.
Cette session a été organisée sous la forme d’un workshop avec des étudiants de l’EESA Bretagne, en collaboration avec le programme de recherche « Géographies variables » dirigée par Julie Morel. Ce programme est soutenu par le Conseil scientifique de la recherche en art (MC).
Session 7
1er mars 2014
Une Sécession épistolaire
Morad Montazami & Eric Baudelaire
Paris, le 30 novembre 2013
Cher Eric,
Voilà à quoi me fait penser ton film. Dans le monde de la mémoire vive et du téléchargement, ce n’est pas l’écriture qui est passée de mode. Sans doute n’a-t-on jamais autant écrit, en tant que civilisation du réseau, certes, mais surtout hyper-bureaucratisée. Peut-être avons-nous même intégré sans le savoir des réflexes d’écriture dignes des structures étatiques les plus monopolistiques voire autoritaires (de l’impératif de visibilité à la surveillance généralisée). Dès lors, il est édifiant à mon sens que tu remettes en jeu les gestes traditionnellement liés à l’échange épistolaire, notamment pour interroger nos conceptions de l’État. L’attente, la destination et en définitive le corps-trace de l’écriture (ou de la voix) recèlent une puissance archaïque qui déjoue le fantasme d’ubiquité contrôlant nos modes de communication actuels. Les questions néo-existentielles incarnées par l’être de l’écrivain – sommes-nous bien là où nous écrivons, là où nous nous destinons, ou ni l’un ni l’autre, dans la trace même que nous laissons à déchiffrer par le futur lecteur ? – nous donnent à penser les formes de communion ou d’union à venir. Le pendule de la communication semble s’inverser et la bureaucratisation de nos vies n’est plus une fatalité. Crois-tu que nous puissions en discuter ?
Amicalement,
Morad
Morad Montazami est historien de l’art moderne et contemporain. Il a publié des articles sur de nombreux artistes dont Eric Baudelaire. Il est par ailleurs rédacteur en chef de la revue Zamân (Textes, images & documents).
Session 8
8 mars 2014
Réinventer l’État ?
Une conversation entre Alain Badiou & Pierre Zaoui
ATTENTION > Suite à un changement de dernière minute, Alain Badiou ne pourra pas être présent demain à Bétonsalon. Nous vous prions de nous en excuser.
Autour des thèmes d’Alain Badiou, Pierre Zaoui ouvrira un débat avec le public sur la question de la réinvention de l’État et des nouveaux collectifs.
La discussion Réinventer l’État ? entre Alain Badiou et Pierre Zaoui est reportée. Nous ne manquerons pas de vous tenir informé très prochainement.
Nous vous remercions pour votre compréhension et vous attendons nombreux demain pour le dernier jour de l’exposition et la dernière session du samedi.
Pierre Zaoui enseigne la philosophie à l’Université Paris Diderot – Paris 7, Il est notamment l’auteur de Spinoza, la décision de soi (Bayard, 2008) et de La Traversée des catastrophes (Seuil, 2010). Il a récemment collaboré au Dictionnaire politique à l’usage des gouvernés (sous la direction de Fabienne Brugère et Guillaume le Blanc, Bayard, 2012). Dernier ouvrage paru : L’Abstraction matérielle. L’argent au-delà de l’économie (avec Laurence Duchêne, La Découverte, 2012).
Pour aller plus loin
Dans le cadre de "The Secession Sessions", cours de philosophie politique par Seloua Luste Boulbina, ouverts au public
Vendredi 31 Janvier / 16h-18h L’État entre imaginaire(s) et réalité(s) - L’État à la carte
Vendredi 7 février / 14h-16h L’État entre imaginaire(s) et réalité(s) - Le fantôme de l’État
Seloua Luste Boulbina enseigne en CPGE. Elle est directrice du programme au Collège International de philosophie et chercheuse associée (HDR) au LCSP, Université Paris Diderot - Paris 7. Elle s’intéresse principalement aux questions coloniales et postcoloniales. Elle a notamment publié le Singe de Kafka et autre propos sur les colonies (Sens Public, 2008) et les Arabes peuvent-ils parler ? (BlackJack, 2011). Elle a dirigé Réflexions sur la postcolonie (Rue Descartes, 2007), Un monde en noir et blanc (Sens Public, 2009), Monde arabe : Rêves, révoltes, révolution (Lignes, 2011), Décoloniser les savoirs (Mouvement, 2012) et la Migration des idées (Rue Descartes, 2013).
Partager