In the Stream of Life
- Vue de l’exposition « In the Stream of Life », Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2007-2008. Image : Aurélien Mole
Artistes : Patrick Bernier, Olive Martin et Myriame El Yamani, Simon Dybbroe Møller, Maria Eichhorn, Michel François, Aurélien Froment, Ryan Gander, Mario Garcia Torres, Loreto Martinez Troncoso, Falke Pisano, Clément Rodzielski, Günter Saree, Yann Sérandour, Lawrence Weiner, Ian Wilson, Jordan Wolfson
Commissaires d’exposition : Mélanie Bouteloup et Christophe Gallois
Rassemblant une exposition et un cycle de conférences, projections et performances, le projet In the Stream of Life s’intéresse aux modes de circulation de l’œuvre d’art : en quoi une œuvre peut-elle être pensée en termes de circulation d’une expérience ? Le titre du projet est emprunté à un dialogue du film de Lawrence Weiner Plowman’s Lunch (1982), dans lequel un personnage prononce la phrase : “an idea only has meaning in the stream of life” [une idée n’a de sens que dans le flot de la vie]. À travers ces mots, Weiner évoque l’importance pour une idée, pour une œuvre, d’être confrontées au réel, de circuler, pour faire sens. Dans plusieurs de ses films, cette approche de l’œuvre comme circulation se traduit notamment par l’insertion, au sein des dialogues et de la narration, de plusieurs de ses œuvres, ses célèbres “statements”. Ceux-ci sont lus et récités par les personnages, ou encore peints dans l’espace public, autant de possibilités d’activer l’œuvre “dans le flot de la vie”.
La manière dont ces œuvres sont activées peut être rapprochée de la notion de narration telle qu’elle est développée par Walter Benjamin dans son essai Le Narrateur : “Ce que le narrateur raconte, il le tient de l’expérience, de la siennne propre ou d’une expérience communiquée. Et à son tour il en fait l’expérience de ceux qui écoutent son histoire”. Il oppose notamment le mode de circulation de la narration, basée sur la transmission d’une expérience laissant place à une multitude d’interprétations et d’appropriations, à la non-circulation de l’information, toujours déterminée par une explication qui en restreint le sens et la portée. Pour Benjamin, ces deux modes de circulation se différencient également par les différentes temporalités qu’ils mettent en œuvre. Là où l’information “n’a de vie qu’en ce moment où elle doit se livrer”, la narration jouit au contraire d’une temporalité à chaque fois renouvelée : "Elle conserve ses forces concentrées, et longtemps après sa naissance elle reste capable déclosion”.
- Vue de l’exposition « In the Stream of Life », Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2007-2008. Image : Aurélien Mole
Transposée dans le champ des arts visuels, la notion de narration développée par Benjamin met en avant plusieurs questions que nous souhaitons explorer dans le cadre de ce projet. Une première direction concerne l’oralité comme mode de circulation de l’œuvre. Comment une œuvre peut-elle être activée, racontée ? Nous nous intéresserons également à la part d’oralité, la portée narrative présente dans des pratiques narrative qui ne sont pas directement liées à la parole. Dans Le Narrateur, Benjamin montre que la narration ne saurait se résumer à la transmission orale : ce qui est en jeu, c’est avant tout un certain rapport à l’œuvre, pensée en termes de circulation et d’activation dans le temps. L’exposition In the Stream of Life rassemble ainsi des œuvres conçues comme l’activation d’une narration et le centre d’un réseau de connections et de références complexes. En lien avec cette approche de la narration, une troisième direction s’intéresse à l’exposition comme “théâtre des opérations”, une expression empruntée à l’artiste Michel François, comme l’espace et le temps d’un dialogue entre les œuvres.
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