Bivouac #2 / Respirer hors école, RAW Académie
VENDREDI 25 ET SAMEDI 26 SEPTEMBRE 2020
Respirer hors école, un programme conçu par RAW Material Company, revient sur la possibilité de faire école autrement, en compagnie d’ancien.ne.s participant.e.s et ami.e.s de sa RAW Académie, du 25 au 26 septembre 2020.
Après quatre ans d’existence, la RAW Académie - programme résidentiel expérientiel pour la recherche et l’étude de la pratique et de la pensée artistique et du commissariat d’exposition de RAW Material Company - s’est retrouvée en pause pendant l’année 2020. Cette année sabbatique s’est imposée à nous, impuissantes face aux mesures mises en place à travers le monde. Nous voilà conduites à une période de réflexion, occasion de reprendre son souffle. Ce programme est conçu comme un moment de répit convivial pour replonger dans deux préoccupations principales traversant les sept sessions d’Académie qui ont déjà eu lieu ; la possibilité d’apprendre autrement, et la valorisation de la pause, la rupture. Il met également en avant les travaux des participant.e.s qui ont collaboré aux différentes sessions, par des projections de films et performances.
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PROGRAMME
Vendredi 25 septembre
16h - 18h
Projections de films* des ancien.ne.s fellows de la RAW Académie :
Penelope, Noor Abed
DELIVERY, Freya Edmondes
Home, Naomi Lulendo
Highjacking Hindsight, Ash Moniz
El Retorno, Hira Nabi
..._..., Stefano Pelosato
Intimacy that daunted a silent pornography, Esther Poppe
NON AU FRANC CFA, Narcis Diaz Pujol
The Ghost of the University, Frida Robles
* Plus d’informations à propos des projections en bas de page
18h - 20h
Une société sans école
Avec Patricia Falguières, Dominique Malaquais et Rasha Salti. Sous la modération de Dulcie Abrahams Altass
Ce panel porte sur la notion d’école et les différentes manières de la penser et de l’éclater. Les réflexions et propositions embrassent les multiples modes de transmission de savoirs qui inspirent la RAW Material Company et qui la poussent à entretenir un espace de libre-échange, la RAW Académie.
20h30 - 21h30
P.O de Chagrin, performance par Naomi Lulendo, participante de la RAW Académie Session 5
Imaginée comme une performance-concert, P.O de Chagrin prend pour motif narratif le chagrin dans le deuil. S’inspirant de la pratique traditionnelle de la pleureuse, performeuse du chagrin dans le cérémonial funèbre, Naomi Lulendo dévoile une éclectique playlist de deuil. Accompagnée, comme à chacune de ses performances, d’un micro, outil de di-fusion pour un corps augmenté, l’artiste active son répertoire musical personnel et nous raconte l’histoire de la mort (l’une littérale et l’autre symbolique) de deux êtres chers, de deux soleils, de deux mondes : Total Eclipse of The Heart.
L’action de chanter devient marqueur auditif pour re-susciter des sentiments déjà perdus. Une tentative de ne pas laisser leur mémoire disparaître dans sa mémoire et de cultiver l’espoir. Un rituel de passage retraçant la transmission orale du savoir sentimental lié à la tradition familiale de l’artiste du chant quotidien, et plus tard à celle du partage de musique avec l’être un temps aimé. Un jeu de scène entre oraison funèbre, karaoké et ode à l’amour inconditionnel.
Avec les P.O (Poétiques Orales) – prononcer comme « peau » – Naomi Lulendo poursuit son exploration des différents langages que nous portons en nous, en manœuvrant les registres de langue et la variété des langues qu’il nous est possible de parler (langue natale, maternelle, paternelle, sentimentale ou encore langue choisie).
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Samedi 26 septembre
16h - 18h
Projections de films* des ancien.ne.s fellows de la RAW Académie :
The Angel, Azrail, Mustafa Boga
Borrowed Scenery, Shirin Sabahi
Rally, Felipe Steinberg
I’ll sing for you when you leave / hymns, Anna Tjé
Business as usual - hostile environment, Alberta Whittle
* Plus d’informations à propos des projections en bas de page
18h - 20h
Gap year
Avec Éric Baudelaire, Sandrine Honliasso, Khalil Joreige et Ariane Leblanc. Sous la modération de Fatima Bintou Rassoul Sy
Cette discussion sera un échange sur la nécessité de prendre une pause, de s’arrêter dans un processus afin de mieux le cerner. L’apprentissage ne se fait pas nécessairement que pendant les cours, mais aussi pendant la pause. À quoi sert ce break, et que peut-on en apprendre pendant cette année où une pause, voire une rupture, s’est imposée à nombre d’entre nous ?
20h30 - 21h30
Safou lover, performance par Anna Tjé , participante de la RAW Académie Session 7
Dans les intérieurs de Ngomboa, nous pouvions vagabonder, nous étirer, nous régénérer. Plein de force nous avions le pouvoir de son intuition.
De quoi la préparer à ce qu’il adviendra, au-delà des mers, là-bas sous le ciel clair...
Avec Safou lover, Anna Tjé continue d’explorer les musiques de guérison à travers une performance où des Safous/des Bitotos (fruits largement cultivés au Cameroun) réclament leur narration, leur propagation, leur propre réparation.
Inspirée de ses recherches sur les fruits dits « exotiques » et sur les Slow Jams R&B, l’artiste raconte l’histoire du personnage Ngomboa en proposant une improvisation vocale et poétique RM² (entre Réalisme Magique et Récits Matrilinéaires).
Utilisant sa voix comme matière sonore pour expérimenter les notions de temporalités queer (E. Freeman) et de pouvoir de l’érotique (A. Lorde), Anna Tjé se saisit des thématiques de la migration, du passage à l’âge adulte et de la gémellité en mangeant ces corps-fruits démuselés.
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RAW Material Company est un centre pour l’art, le savoir, et la société. C’est une initiative qui s’articule autour du commissariat d’exposition, de l’éducation artistique, de résidences, de la production de savoir et de la documentation de la théorie artistique et de la critique d’art. L’espace œuvre à la croissance et à l’appréciation de la créativité artistique et intellectuelle en Afrique. Le programme est transdisciplinaire et se nourrit de la littérature, du film, de l’architecture, de la politique, de la mode, de la cuisine et de la diaspora.
http://www.rawmaterialcompany.org
Dulcie Abrahams Altass
Dulcie Abrahams Altass est une commissaire d’exposition et historienne de l’art. Elle est née à Londres et vit et travaille à Dakar, au Sénégal. Elle est commissaire des programmes à RAW Material Company à Dakar où elle a été co-commissaire des expositions La révolution viendra sous une forme non-encore imaginable (2018), Toutes les fautes qu’il y avait dans le monde, je les ai ramassées (2018) et PO4 (Blackout) (2019). Parmi ses projets récents à RAW Material Company comptent Kan jaa ta : Basculer de l’ombre à la lumière (Rencontres de Bamako, 2019) et États des lieux 4 : Sortir du rang ; Collectifs artistiques et parallélisme translocal (Dhaka Art Summit, 2020). Son travail au Sénégal comprend également des recherches sur des thématiques aussi variées que l’art performance du pays et la rencontre entre hip hop et art contemporain. Elle est l’auteure de plusieurs textes sur des artistes sénégalais et elle a été membre du collectif d’artistes Les Petites Pierres.
Éric Baudelaire
Éric Baudelaire (1973), est un artiste et cinéaste basé à Paris. Après des études en sciences politiques, il a développé une pratique artistique ancrée dans un travail de recherche comprenant la photographie, l’estampe et la vidéo. Depuis 2010, le cinéma est devenu central dans son travail. Ses longs métrages Also Known As Jihadi (2017), Lettres à Max (2014), The Ugly One (2013) et L’Anabase de May et Fusako Shigenobu, MasaoAdachi, et 27 années sans images (2011) ont été programmés lors des festivals de Locarno, Toronto, New York, au FID Marseille et à Rotterdam. Lors des expositions, Éric Baudelaire inclut ses films au sein d’installations comprenant d’autres oeuvres, des performances, des publications et une programmation publique, notamment lors du projet APRÈS au Centre Pompidou (2017) et The Secession Sessions qui a débuté à Bétonsalon à Paris, puis au Bergen Kunsthall et au Sharjah Biennial 12. Ses dernières expositions personnelles ont eu lieu au Witte de With à Rotterdam, au Fridericianum à Kassel, au Beirut Art Center, à Gasworks, Londres, et au Hammer Museum à Los Angeles. Son travail est présent dans les collections du Musée Reina Sofia à Madrid, au MACBA à Barcelona, au MoMA à New York, au Centre Pompidou à Paris et à M+ à Hong Kong.
Patricia Falguières
Patricia Falguières est professeure à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) à Paris. Son travail est axé sur la philosophie et l’art de la Renaissance, les classifications, les encyclopédies et l’apparition conjointe du musée et de la théorie de l’art dans l’Europe moderne. Elle est également active dans le domaine de l’art contemporain à travers des études monographiques (Abraham Cruzvillegas, Julie Ault, Danh Vo, Fiona Tan, Mona Hatoum, Gabriel Orozco, Haegue Yang, Lamia Joreige ...), des articles et essais (sur l’art conceptuel et les relations entre l’art et le théâtre au 20ème siècle...). Elle a assuré l’édition critique du classique de Brian O’Doherty, Inside the White Cube (2008). Patricia Falguières dirige différents programmes en histoire et en recherche en théorie de l’art. Elle a initié la série Lectures Maison Rouge à La Maison Rouge (Paris) et co-dirige les séminaires Something You Should Know à l’EHESS avec Élisabeth Lebovici et Nataša Petrešin-Bachelez. En 2011, le Centre Pompidou a organisé un programme de conférences et de rencontres sur les perspectives de l’histoire et de la critique d’art intitulé Selon Patricia Falguières. Elle vit et travaille à Paris.
Joana Hadjithomas / Khalil Joreige
Les cinéastes et artistes libanais Joana Hadjithomas et Khalil Joreige entremêlent dans leur travail les liens thématiques, formels et conceptuels à travers photographies, installations vidéo, films de fiction et documentaires. Autodidactes, ils sont devenus artistes et réalisateurs par nécessité au début de la guerre civile libanaise et se considèrent comme des chercheurs. Leur œuvre personnelle, basée sur les différentes rencontres qu’ils ont pu faire, les a menés à explorer le domaine du visible et de l’absence, les conduisant à des allers-retours entre la vie et la fiction. Depuis plus de quinze ans, leurs films et leurs œuvres, réalisés à partir d’une documentation personnelle ou de documents politiques, élaborent des récits à partir d’histoires tenues secrètes au regard de l’histoire officielle, telles que celle des disparus de la guerre civile libanaise, ou bien un projet spatial oublié, des données géologiques ou archéologiques, ou encore les conséquences étranges des escroqueries et spams sur internet.
Le travail de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige se construit autour de la production des modes de savoir, de la réécriture de l’histoire et de la construction des imaginaires. Ils tirent parti de l’expérience qu’ils ont de leur propre pays tout en allant au-delà de ses frontières.
Leurs films ont été présentés et récompensés de nombreuses fois dans de grands festivals internationaux et leur travail artistique a été exposé dans des musées et centres d’art dans le monde entier, dont dernièrement au Centre Pompidou, au Jeu de Paume et au Musée d’Art Moderne à Paris ; au Victoria & Albert Museum, au British Museum et à la Whitechapel Gallery à Londres ; à la Haus der Kunst à Munich, à IVAM en Espagne, au Guggenheim à New York ; au Moma de San Francisco, au MIT à Boston, à la Sharjah Art Foundation et au Home Works Forum Beirut, ainsi que dans de nombreuses biennales dont celles d’Istanbul, Lyon, Sharjah, Kochi, Gwangju, Yinchuan et Venise. Ils ont également reçu de nombreux prix internationaux tels que le prix Abraaj et le Prix Marcel Duchamp en 2017.
Sandrine Honliasso
Sandrine Honliasso est commissaire d’exposition indépendante et critique. Elle a travaillé comme assistante en production et médiation à la Fondation Kadist (Paris), chargée de communication à l’Institut d’art contemporain/Villeurbanne. Elle est l’auteure des « Monologues », espace numérique dédié à la création artistique actuelle. Elle a été co-commissaire des expositions Partout, mais pas pour très longtemps (2018, Lyon) ; Germination (2018, Dakar) ; Tongue on tongue, nos salives dans ton oreille (2019, Paris) et commissaire de l’exposition Baptiste Fertillet, Cutting/Slasher (2020, Nantes). Elle a été deux fois résidente au sein du programme de recherche RAW Académie (Germination, 2018 ; CURA, 2019) au centre d’art RAW Material Company (Dakar). Elle collabore actuellement avec Ariane Leblanc sur l’exposition D’ailleurs je viens d’ici qui sera présentée au printemps 2021 à La Comédie de Caen.
Ariane Leblanc
Ariane Leblanc est née en 1993 à Paris.
Elle entame une formation de médiation culturelle à l’Université de Paris où elle s’attache plus particulièrement au multiculturalisme à l’ère post-coloniale via un travail de recherche mené collectivement. Elle développe également, en complément de son implication concrète dans les milieux alternatifs, à travers la direction artistique du collectif Rue des Miracles, un intérêt poussé pour le rôle des espaces publics dans les productions urbaines contemporaines. Depuis 2015, elle travaille aux Laboratoires d’Aubervilliers d’abord en stage puis en 2016 elle coordonne le projet de La Semeuse, qui rallie les problématiques environnementales et de territoire dans une perspective artistique. Elle collabore sur la recherche avec l’artiste Uriel Orlow dont la pratique privilégie le processus et la pluridisciplinarité. En novembre 2018, elle participe à l’académie de la Raw Material Company, dirigée par l’artiste plasticienne et performeuse Otobong Nkanga. Elle réalise en collaboration avec Pierre Simon l’exposition Pour un interstice paysager à la Comédie de Caen en 2019. Elle vit et travaille à Paris.
Naomi Lulendo
Née à Paris en 1994, Naomi Lulendo vit et travaille à Paris et Dakar. Dans sa pratique multidisciplinaire entre peinture, sculpture, performance, photographie et installation, Naomi Lulendo crée des propositions plastiques qui troublent et réinventent nos rapports aux espaces – dont le corps comme espace intime – que nous habitons. Utilisant le concept de « jeu » comme outil pour façonner et créer des objets, des images et des textes hybrides, Naomi Lulendo observe dans sa démarche les implications individuelles et collectives, sociales et politiques de la mobilité humaine et des rencontres de cultures. Explorant le processus de construction identitaire, opérant parfois une analogie entre corps, langage et architecture, son travail puise aussi bien dans sa biographie personnelle, que dans une attention portée à la polysémie des corps, formes, motifs et objets ainsi qu’à leur potentialité symbolique. À travers des jeux de langage et une gymnastique de références, Naomi Lulendo sonde notamment la notion de « motif » et ses relations avec corps et espace. Créant un parallèle entre le corps-surface et l’espace géographique, l’« alternatif » est proposé dans le travail de l’artiste comme manière d’être et de « faire expérience » et se manifeste dans son exploration des manières dont la mobilité des individus, volontaire ou forcée, historique et actuelle, modèle nos imaginaires. Naomi Lulendo est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. En 2018, elle a participé au séminaire de recherche RAW Académie, sous la direction de l’artiste Otobong Nkanga, à Dakar. Son travail a été montré notamment à la Galerie Allen, Paris (2019) ; la 13ème édition de la Biennale d’art contemporain de Dakar (2018) et la Galleria Continua, Boissy le Châtel (2016).
Dominique Malaquais
Dominique Malaquais est chargée de recherche au CNRS (Institut des mondes africains, Paris) et, avec Kadiatou Diallo, elle co-dirige la plateforme curatoriale expérimentale et hors-sol SPARCK (Space for Pan-African Research, Creation and Knowledge). Elle s’intéresse aux intersections entre violences politiques, inégalités économiques et élaborations de cultures urbaines à l’ère du capitalocène. Parmi ses projets récents et en cours, elle a notamment publié dans Critiques, Multitudes et African Arts, a développé avec Julie Peghini, anthropologue et réalisatrice, Yif Menga, un programme de recherche multi-positionné autour de la performance comme projet politique (collaboration avec le festival des Récréâtrales à Ouagadougou), Ce dont nous sommes faits, moyen-métrage de Julie, Dominique et Elise Villatte, Dialogues Afriques, séminaire mené avec Sarah Fila-Bakabadio et Christine Douxami (EHESS/Cité internationale des arts), avec Julie toujours et profondément inspirées par l’œuvre de l’écrivain et poète Sony Labou Tansi, Afriques : Utopies urbaines, prophétiques, performatives, série de rencontres-performances à la Cité de l’architecture et du patrimoine, la Haute école des arts du Rhin et la Cité internationale des arts ; elle a été co-commissaire de l’exposition Kinshasa Chroniques, à la Cité de l’architecture (14 octobre 2020-11 janvier 2021), en collaboration avec Erica Androa Mindre Kolo, Mega Mingiedi, Fiona Meadows, Sébastien Godret, Claude Allemand, Jean-Christophe Lanquetin). Dominique Malaquais est membre du comité de rédaction de plusieurs revues - Chimurenga et Savvy, entre autres. Elle est Past President d’ACASA (Arts Council of the African Studies Association).
Rasha Salti
Rasha Salti est chercheuse, écrivaine et commissaire d’exposition d’art et de film. Elle vit et travaille entre Berlin et Beirut.
Fatima Bintou Rassoul Sy
Fatima Bintou Rassoul Sy est née et a grandi à Dakar. Elle s’installe à Paris en 2006, pour des études en arts plastiques à l’université Paris 1 (Panthéon Sorbonne). Après l’obtention de sa licence, elle poursuit des études en Métiers des Arts et de la Culture et participe à des actions de médiation culturelle au musée du Louvre, au musée Rodin ainsi qu’au Grand Palais. Forte de ces expériences, elle intègre les galeries Semiose, puis Magnin-A, où son intérêt pour la création contemporaine africaine et ses multiples historicités va croître et l’inciter à s’orienter vers le Master en Sciences et Techniques de l’Exposition de Paris 1. Cela va donner lieu à l’organisation de conférences telles que : IN/ EXcludere : La représentation et ses enjeux, une rencontre autour de l’oeuvre de Mohamed Bourouissa, au Palais de Tokyo (Paris) ; Dans la tête de… Anne Brégeaut à La Maison rouge - Fondation Antoine de Galbert (Paris). Elle sera également co-commissaire de l’exposition Plus un geste à la Galerie Michel Journiac (Paris). En mai 2014, elle participe, en tant qu’assistante curatoriale, à la 11ème édition de Dak’Art, où elle travaille aux côtés de M. Massamba Mbaye sur l’exposition : Diversités Culturelles au Musée Théodore Monod d’Art Africain (Dakar). Elle rejoint à son retour les équipes de Marianne International, pour lesquelles elle opère au sein du dispositif d’accueil de la Fondation Louis Vuitton durant trois ans. Elle rentre à Dakar en mai 2018 et travaille au Musée des Civilisations Noires en tant qu’assistante curatoriale sur l’exposition inaugurale : Civilisations africaines : création continue de l’humanité puis devient chef du Service de la Médiation et de l’Animation Culturelle. Elle a produit, il y a peu, une série d’interviews pour la revue Something We Africans Got #10 et les Magazines SWAG high profiles #2 & #3. Elle est aujourd’hui commissaire des Programmes au sein de la #RAWFamily.
Anna Tjé
Née en 1989, Anna Tjé vit et travaille à Paris. À travers une pratique transdisciplinaire, Anna Tjé investit la vidéo, la performance, l’installation et la sculpture afin de déconstruire les mécanismes de survie et de guérison dans les dites subcultures.
Naviguant entre création contemporaine et recherche, elle utilise l’image en mouvement, le récit poétique, le son et la musique, le geste ainsi que des conversations d’archives, des textiles et des matières végétales et fruitières, pour explorer les notions d’intime, de trauma et de résilience du corps et des expériences féminines* noires. Anna Tjé crée ainsi des espaces immersifs qui interrogent les constructions sociales de l’espace et du temps passé-présent-futur en relation à diverses formes d’érotisme queer et aux liens et récits familiaux. En puisant ainsi dans son archive personnelle, dans son héritage culturel et dans les paysages du Cameroun ainsi que dans les parcours d’artistes et de militantes féministes et/ou queer de la diaspora africaine, elle fait usage de la mémoire, de l’utopie, de la fiction spéculative, de la science-fiction et de la spiritualité comme vecteurs d’émancipation et d’interconnectivité.
Anna Tjé s’est formée à la création textile et au stylisme de mode à l’école Mod’Art international Paris avant d’explorer les médias. Diplômée d’un Master en communication et édition, elle poursuit ses recherches et sa pratique dans le cadre d’un doctorat en arts et médias avec une spécialisation en performance et études théâtrales à l’Université de la Sorbonne Nouvelle à Paris. Co-fondatrice et directrice artistique de la plateforme et revue littéraire et artistique Atayé, Anna Tjé anime également des rencontres artistiques et mène des ateliers d’écriture créative. Elle intègre dès octobre prochain le PhD. in Practice à l’Académie des Beaux Arts de Vienne (Autriche).
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Vendredi 25 septembre
Pénélope, Noor Abed
6min30, silent, 16mm film (Palestine, 2014)
Cette œuvre est inspirée par l’Odyssée et basée sur le poème épique d’Homère. Elle se construit à partir du concept du mythe ; sa position dans l’histoire et son rapport au présent et à l’imaginaire. La présence constante de la femme, en tant que représentation de Pénélope, sert à révéler l’absence de la figure héroïque. À travers l’acte de coudre, elle revisite un souvenir en même temps. Le passé est activé dans l’espace de l’imagination, le mouvement renforce la distance de son site original. L’œuvre cherche à refléter une réalité autre que celle qu’offre l’histoire. Ici, le mythe peut être compris comme un rêve collectif et un imaginaire public.
DELIVERY, Freya Edmondes
12min30, créé en collaboration avec Daniel Blumberg dans le cadre de la série en live de Home Cooking.
Cette œuvre sert à illustrer le mélange fait entre une expérience réelle et une tendance à projeter des stratégies commanditées en ligne, de marketing et de jeux, sur une interprétation de circulation publique. L’infiltration inconsciente de façons de penser orientées vers l’aboutissement de tâches est rendue visible dans la vidéo. Des échos du jeu reviennent, affectant, voire complétant, la réalisation de la mission en question. Service de livraison.
Les réalisateurs de tâches se perdent dans la boucle « Delivery ! » un thème auto-créé, laissant entendre également la transformation agréable du travail en un jeu. Ils sourient, et ne sont pas affectés par le cri silencieux de l’énorme carcasse attachée à leur véhicule. Cette concoction visuellement discordante symbolise l’inégalité tyrannique du commerce mondial utilitaire. L’horreur à son cœur n’est pas une menace, elle n’est pas pertinente. Une apathie utile est déployée. Toute responsabilité réfléchie est renoncée. Les idéologies se comportent comme des bactéries dans l’enchevêtrement de la subjectivité. Le poisson hurlant est le non-dit, attaché au moteur irrépressible des mécanismes dépolitisés pour l’aboutissement d’objectifs.
Hom̐e, Naomi Lulendo
5min55
À travers le motif de la mer et son langage, s’effectue une narration silencieuse sur le deuil et la mémoire. La mère est partie, ne reste que la mer. Et l’amère sensation que le retour ne se fera pas. Pourtant les vagues et leur ressac bercent, comme pour accompagner cette méditation contemplative qui émerge du vide après la perte. Hom̐e amorce le début de la gestation d’un corps et de son retour à l’île maternelle qui tente de dévoiler son chagrin à l’heure où le bruit du monde se fait si lourd.
Highjacking Hindsight, Ash Moniz
15min30, 2020
Une compagnie papetière productrice de fausse neige fournit également les documents d’assurance ayant conduit un homme à mettre le feu à son propre bateau. Oscillant entre essai-fiction et performance, Hijacking Hindsight (2020) est un film qui déclenche une chaîne de relations entre les appareils juridiques/temporels qui modèlent les géographies logistiques. Débarrassée des spécificités liées aux sites, cette œuvre met en scène la façon dont une route commerciale peut définir sa localité par une voie dérobée. Des documents relatifs aux risques, embarqués à bord d’un cargo passant par la mer Rouge, se trouvent confrontés à un événement performatif survenant au milieu d’une vaste étendue d’eau gelée. À travers un maillage abstrait d’instruments et d’instances, il s’agit de comprendre comment les conceptualisations historiques liées au temps perdu ont influencé le rôle joué par notre crainte de la dégradation de l’environnement.
El Retorno, Hira Nabi
12min3, réalisé lors de l’atelier « Tourner à Cuba avec Abbas Kiarostami » entre janvier et février 2016.
Un chauffeur de taxi accepte de faire découvrir à un inconnu une ville que ce dernier n’a jamais visitée. Leur court voyage ouvre à cet homme de nouveaux horizons.
..._..., Stefano Pelosato
8min51
Interdépendance entre être vivants (Archée, Bactérie, Eucarya) ; éco-érotisme et biocentrisme ; une communication radio ininterrompue dans un espace d’emprisonnement.
Intimacy that daunted a silent pornography, Esther Poppe
13min56
Le temps qui encadre cette expérience, notre capacité à rester concentrés, les gouvernements qui font perpétuer un état de confusion, étant à l’arrêt et séquestrés. Nous habitons dans de multiples onglets, en morceaux, un épuisement fragmenté, avec des capacités de concentration plus réduites que jamais, séjournant dans des espaces de visualisation en ligne. Nous fêtons l’héterotopianisme et la polyphonie, et en même temps une fragilité consciente, des valeurs civiques et des maisons de trésor. Il s’agit d’une intimité intimidée par une pornographie silencieuse.
Grondements visuels à une vitesse qui attend la venue de la seconde. Laissez-les continuer à la vitesse désœuvrée qu’était l’engagement. Cou. Pieds. Genoux. Et au coin de l’œil. Mazy coupant léchant le vide.
Sur des plages sonores le tissus déchire, troublé, sans rencontre. La vague d’images s’éclate et ne laisse rien derrière, à part un écran noir. L’idée artistique, qui se touche sans objectif, est dominée par la politique. Ce qui s’est passé m’avait surprise. Immunité et vulnérabilité, résistance et danger d’une opacité aléatoire sont devenus plus qu’ambigus car il n’y a pas de séquence ni d’ordre. Quels moments en direct sont permis ; en nature, dans la rue, dans la chambre à coucher, devant l’écran ?
NON AU FRANC CFA, Narcis Diaz Pujol
7min24
Cette vidéo montre Guy Marius Sagna, un travailleur social anti-colonial de Dakar, parlant du franc CFA. En parallèle, sont diffusés des extraits d’une vidéo issue d’Internet relative au brûlage d’un billet de 5000 francs CFA que Kémi Séba a fait en 2017 et qui a conduit à son arrestation, puis à son expulsion du Sénégal.
Cette pièce fait partie d’une série intitulée La Place de l’Europe, collecte de vidéos réalisée sur le site laplacedeleurope.eu, qui tire son nom d’une place sur l’île de Gorée, un ancien marché aux esclaves qui aujourd’hui, selon l’UNESCO, sert de sanctuaire de réconciliation. Au mois de juin 2020, cette place a été rebaptisé Place de la Liberté et de la Dignité humaine sous la pression sociale. Sur ce site, on peut voir et entendre des membres d’associations de rapatrié.e.s et de migrant.e.s, des travailleurs sociaux, des activistes et des guides spirituels de la région de Dakar parlant de différentes perspectives sur les relations entre l’Union européenne, surtout l’Espagne, avec les pays ouest-africains, en particulier le Sénégal.
The Ghost of the University, Frida Robles
6min. Performeur : Momo Fall. Monteur : Ujjwal Utkarsh
« Ma première visite à Dakar s’est faite dans le cadre de la première session de la RAW Académie en 2016. Très chanceuse, j’étais logée dans une maison située au sein du Campus de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD). Je me rappelle de la manière dont j’étais fascinée par la beauté de cet endroit. Les marches matinales que j’effectuais, de l’université à RAW, s’étaient transformées en moments magiques qui réveillèrent en moi une forte obsession que j’ai tentée d’exprimer de manière artistique. Cette vidéo est de ces tentatives de capturer des fragments du caractère poétique du campus de l’UCAD. »
Samedi 26 septembre
The Angel, Azrael, Mustafa Boga
37min25. Un projet collaboratif écrit et produit par Mustafa Boga avec les contributions de 35 artistes.
The Angel, Azrael est un projet de film constitué à partir des contributions de 35 femmes, interprétant des poèmes écrits par Mustafa Boga. S’inspirant des poèmes, les créatrices étaient invitées à faire des films d’à peu près une minute, utilisant leurs médiums filmiques préférés y compris performances, courts métrages, animations ou clips de musique. Les poèmes racontent le moment où Azrael est venu sur terre pour prendre les vies des personnes qui meurent. À travers les films, on voyage partout dans le monde, de prises de vue à intervalles réguliers de Tehéran à un petit bâteau sur le Nil. Nous rencontrons des personnes venant d’Italie, du Royaume-Uni, des États-Unis, de Turquie. On entend du français, de l’espagnol, de l’allemand, de l’islandais, de l’arabe, du grec et du danois. Les personnes dansent, jouent, pleurent et nagent. Des chansons ont été faites à partir des poèmes, des conversations ont été initiées, et au travers de cette expérience recueillie, nous entrons dans un monde où la mort est une tangente de la vie.
Uku Hlamba, Mbali Dhlamini
4min32. Cette performance fait partie d’une série d’événements qui ont déjà eu lieu ou qui ne se sont pas encore réalisés.
« L’esprit, le souffle ou l’air…
Umoya est la force rituelle du corps…
Cet esprit…
Donne aussi force…
Pour prendre l’air…
L’umoya…
Pour prendre de la force… »
* Absolom Vilakazi, Zulu transformations : A study of the dynamics of social change, 1962.
Borrowed Scenery, Shirin Sabahi
15min
Le paysage emprunté (借 景 shakkei) est un principe d’Asie de l’Est intégrant le paysage environnant dans la composition d’un jardin. Borrowed Scenery est un portrait de l’artiste Noriyuki Haraguchi, qui est présent tout au long du film mais rarement vu. Il suit la genèse des sculptures de piscines de pétrole de Haraguchi, son utilisation de matériaux éphémères et industriels, les interactions avec ses piscines de pétrole à Téhéran et ailleurs et les proximités de l’art avec la religion et d’autres systèmes de croyances. Depuis les années 1970, l’artiste Noriyuki Haraguchi (né en 1946-2020) a réalisé une série de sculptures in situ qui acquièrent leur sens dans un environnement donné. En 1977, Haraguchi a été invité à installer définitivement une itération de sa sculpture Matter and Mind (Oil Pool) dans l’atrium du musée d’art contemporain de Téhéran. Matter and Mind est un bassin rectangulaire en acier rempli d’huile moteur usée très réflectrice. Quelles que soient les intentions de l’artiste et celles du musée hôte, les visiteurs ont, au fil des ans, transformé cette sculpture en un contenant, en y jetant des pièces de monnaie et d’autres objets.
Rally, Felipe Steinberg
12min30
Rally est un travail en cours sur la relation entre différents types d’infrastructures coloniales et postcoloniales, telles que la radiodiffusion publique, l’urbanisme et certains événements ; de la course Paris-Dakar aux récentes manifestations à Dakar. L’œuvre explore la nature du temps « présent » : la relation ou non-relation entre la pure extériorité événementielle et le champ des images.
I’ll sing for you when you leave / hymns, Anna Tjé
3min
« En août 2014, je me rendais au Cameroun pour enterrer un membre de ma famille dans le village natal de ma mère.
Je décidai de documenter ce deuil de Ngobilo à Bimbia, où résident les vestiges d’un ancien port aux captifs (une plateforme déterminante dans l’histoire camerounaise de la traite négrière).
En filmant mes déambulations dans la forêt - où sont enterrés mes aïeul·e·s - les chutes d’eau et les plages bordant l’Atlantique, ainsi que la chorale du village chantant « Ligwe Li Yesu / Malo ma Bakeke » (traduit du Bassa par « La naissance de Jésus/L’arrivée des Rois Mages »), je faisais le constat des rites funéraires et m’interrogeais sur ma position et mes expériences lors de cette période de deuil.
En retrouvant ces images et en les montant durant le confinement, seule en pleine crise sociale et sanitaire, je me mis à poser des mots et des réflexions sur ces paysages.
Je me mis à raconter une marche funéraire faite d’enterrement et d’absence d’enterrements, faite d’aquamations, faite de coupures... faite d’ancêtres chantants aux formes d’arbre et eaux régénératrices. »
Business as usual - hostile environment, Alberta Whittle
16min04
Alors que les horreurs de la covid-19 éclipsent le quotidien, ce chapitre fait partie de la commande plus large d’Alberta Whittle pour les Glasgow Sculpture Studios et la Glasgow International qui a été développée pour refléter l’immédiateté de notre temps. Mais plus que tout, il s’agit d’une offrande, d’un geste pour rester doux malgré l’environnement hostile et écrasant.
Ce programme est présenté dans le cadre de l’Académie de Bétonsalon, qui reçoit le soutien de la Fondation Daniel et Nina Carasso.
Images
« Une société sans école », avec Patricia Falguières, Rasha Salti, Koyo Kouoh et Dulcie Abrahams Atlass, RAW Académie, Respirer hors école, Bivouac #2, Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 25 septembre 2020.
« Une société sans école », avec Patricia Falguières, Rasha Salti, Koyo Kouoh et Dulcie Abrahams Atlass, RAW Académie, Respirer hors école, Bivouac #2, Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 25 septembre 2020.
« Gap Year », avec Éric Baudelaire, Sandrine Honliasso, Khalil Joreige, Ariane Leblanc et Fatima Bintou Rassoul Sy, RAW Académie, Respirer hors école, Bivouac #2, Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 26 septembre 2020.
« Gap Year », avec Éric Baudelaire, Sandrine Honliasso, Khalil Joreige, Ariane Leblanc et Fatima Bintou Rassoul Sy, RAW Académie Respirer hors école, Bivouac #2, Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 26 septembre 2020.
Projections de films des ancien.ne.s fellows de la RAW Académie : Noor Abed, Freya Emondes, Ash Moniz, Hira Nabi, Stefano Pelosato, Esther Poppe, Narcis Dias Pujol, Frida Robles, Naomi Lulendo, RAW Académie, Respirer hors école, Bivouac #2, Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 25 septembre 2020.
Projections de films des ancien.ne.s fellows de la RAW Académie : Mustafa Boga, Shirin Sabahi, Felipe Steinberg, Anna Tjé, Alberta Whittle, RAW Académie, Respirer hors école, Bivouac #2, Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 26 septembre 2020.
P.O de Chagrin, performance de Naomi Lulendo, ancienne participante de la RAW Académie, Respirer hors école, Bivouac #2, Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 25 septembre 2020.
Safou lover, performance d’Anna Tjé, ancienne participante de la RAW Académie, Respirer hors école, Bivouac #2, Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 26 septembre 2020.
Safou lover, performance d’Anna Tjé, ancienne participante de la RAW Académie, Respirer hors école, Bivouac #2, Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 26 septembre 2020.
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