Sciences Po Ecole des Arts Politiques (SPEAP)
Pourquoi une école des arts politiques ?
Depuis l’Antiquité, on s’accorde à dire que la politique n’est pas une science mais un art, en ce sens qu’il est nécessaire de faire appel à l’habileté manœuvrière, à l’estime, à toute une série de compétences qui n’entrent pas dans le domaine traditionnel des certitudes scientifiques et des formalismes. D’où l’expression, fort ancienne, des arts politiques — au pluriel.
Nous reprenons ce terme à notre compte — tout en le modifiant profondément — car il nous semble être le plus approprié pour aborder ce qu’on appelle communément la crise de la représentation.
Cette crise est double, il y a, d’une part, un sujet classique de science politique : nos représentants sont-ils légitimes et fidèles ? Et, d’autre part, une crise de l’autorité scientifique elle-même (au sens très large du mot « science », qui englobe les sciences exactes, les sciences sociales et même le droit et les humanités), crise liée aux questions nouvelles que posent les sciences et les techniques : nos représentations des problèmes sont-elles fidèles ?
Cette double crise de la représentation (les porte-parole sont-ils fidèles ? les problèmes sont-ils bien représentés ?) ne peut être résolue sans recourir à un troisième sens du mot représentation, celui-là venu des pratiques artistiques — quel que soit le médium — et, plus généralement, du design, sans puiser dans les trésors d’invention et de création qui se trouvent dans les arts — eux-mêmes en quête d’une pertinence politique et de liens renouvelés avec les sciences exactes et sociales. D’ailleurs, la vie publique a toujours été, au cours de l’histoire, la création progressive d’une esthétique commune, au sens « d’un partage du sensible ».
L’Ecole des arts politiques a pour objet de lier dans des projets communs ces trois questions, jusque-là distinctes, dont seule la convergence peut aider à la représentation publique des controverses actuelles.
A travers leurs pratiques, artistes, chercheurs ou professionnels sont, aujourd’hui, régulièrement confrontés à l’une ou l’autre de ces crises. Dans ce contexte, et dans le prolongement de certaines initiatives existantes, l’Ecole des arts politiques se propose de répondre à un besoin de plus en plus pressant en ouvrant un espace de formation original.
Pourquoi à Sciences Po ?
Parce que Sciences Po se trouve à la fois au cœur des enseignements en sciences politiques (au sens large du terme) et des pratiques politiques (par son système original d’enseignement et ses débouchés). Mais aussi parce que Sciences Po est étroitement lié aux médias (par ses écoles de journalisme, de communication, de droit, d’affaires internationales, et surtout par son médialab, instrument indispensable à la compréhension des nouveaux médias) et aux entreprises culturelles. Si Sciences Po est parfois critiqué pour ce mélange des genres, il se trouve justement que cet écosystème très particulier crée les conditions idéales pour l’écologie délicate de cette école nouvelle.
Quelle est la philosophie de l’enseignement ?
Cette école s’inscrit dans la tradition dite pragmatique — au sens de ce mouvement illustré, essentiellement aux Etats-Unis, par les travaux de William James, Walter Lippmann et surtout John Dewey et leurs émules contemporains. Elle repose donc sur les notions clefs d’expérimentation et d’enquête à partir de dispositifs pragmatiques qui fusionnent les habitudes des sciences sociales et des arts. Il s’agit d’explorer en commun, sur des problèmes pratiques faisant l’objet d’une commande déterminée, comment il est possible de créer un espace problématique public et partageable sur des questions nécessairement controversées.
Quels sont les principes pédagogiques ?
Bien qu’elle ne soit pas une école d’humanités, SPEAP propose des enseignements intensifs, pendant la première partie de l’année, en philosophie (surtout la tradition pragmatique), en histoire sociale des sciences (science studies), en sciences politiques et en histoire de l’art.
L’enseignement, même sur les sujets les plus théoriques, demeure essentiellement pragmatique, sous la forme de travaux pratiques, d’exercices d’écriture, de visites collectives, ou de tout autre dispositif permettant l’expérimentation réelle.
Bien qu’elle ne soit pas une école d’art, SPEAP emprunte le principe pédagogique des studios : les élèves disposent d’un espace dédié dans lequel ils travaillent par groupe, toute l’année, chaque groupe travaillant sur un projet devant faire l’objet, en fin de cursus, d’une présentation publique (3 ou 4 groupes par promotion).
Bien qu’elle ne soit pas une école de sciences sociales, SPEAP emprunte aux sciences sociales le principe essentiel de l’enquête (qualitative comme quantitative), intégré aux studios, de façon à explorer en profondeur les données du problème qu’il s’agit de représenter.
Le calendrier sera flexible, il s’adaptera en permanence aux besoins et aux interventions ponctuelles, tout au long de l’année, de grandes personnalités du monde intellectuel, artistique et professionnel, tirant profit, entre autres, du dynamisme de la scène parisienne.
A qui s’adresse cette école ?
Comme les MBA ou les MPA (formations post-expérience), l’Ecole des arts politiques est une école destinée à de jeunes professionnel(le)s qui ressentent le besoin, après un début de carrière, de prendre du recul et de consacrer une année à reconstituer les bases de leur formation initiale. Elle s’adresse à des artistes bien entendu, mais aussi à des designers, des galeristes, des commissaires d’exposition, des administrateurs, des chercheurs en sciences sociales, des entrepreneurs, qui ont buté, au cours de leurs travaux, sur l’une ou l’autre des trois crises de la représentation et qui souhaitent trouver de nouvelles ressources intellectuelles pour les résoudre.
Elle n’a pas vocation à offrir des débouchés professionnels à ses élèves – ceux-ci étant déjà engagés dans la vie active. Elle peut néanmoins contribuer grandement à enrichir leurs compétences, à compléter leurs formations intellectuelles, voire à réorienter leurs carrières.
Ces élèves, en nombre très limité, sont recrutés dans le monde entier.
Quel est le corps enseignant ?
Le corps enseignant de SPEAP est résolument international, il associe à la fois des spécialistes des sciences sociales, des grands artistes, des théoriciens des nouveaux media et des professionnels. Leurs interventions peuvent prendre des formes très différentes et sont organisées selon des temporalités variables (intervention unique ou récurrente ; allant d’une heure de cours à un semestre d’enseignement). Quelques enseignants permanents assureront l’encadrement pédagogique fondamental de l’école.
Quels sont les partenaires ?
La Graduate School of Design d’Harvard et le Centre Pompidou sont nos partenaires privilégiés. Convaincus de l’originalité et de l’importance de cette école, ces deux prestigieux établissements ont soutenu le projet dès son origine et participent activement à sa mise en œuvre.
SPEAP est soutenu par AXA Private Equity, membre fondateur de l’Ecole.
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