Parties Prenantes
- Parties Prenantes 1 , Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris. 2009
Cátedra Arte de Conducta, La Havana, Cuba - Tania Bruguera
Art and Social Practice, Portland, USA - Jennifer Delos Reyes & Harrell Fletcher
Sciences Po Ecole des Arts Politiques - Bruno Latour & Valérie Pihet
avec des étudiants et des enseignants de :
l’Université Paris Diderot - Paris 7 : Master Géographie et Sciences des territoires, spécialité Recherche : Environnement, Paysages, Milieux et Sociétés (EPMS) et l’IUP Génie de l’Environnement)
l’Ecole d’architecture Paris Val de Seine
l’Ecole Publique de Paris, Bétonsalon
l’ENSA Paris Cergy
ENSBA Paris
La Formes des Idées (ENBA Lyon & ENSA Nice)
Une proposition de Mélanie Bouteloup (Bétonsalon - Centre d’art et de recherche), Julien Lanchet & Sara Martinetti (étudiants à l’Université Paris Diderot - Paris 7)
Bétonsalon, Centre d’art et de recherche, invite les parties prenantes du quartier de la ZAC Masséna Paris Rive Gauche – étudiant, professeur, chercheur, personnel de l’université, habitant, enfant, passant, commerçant, employé, association – à investir ce contexte et se l’approprier collectivement. Elles interagiront avec les différentes écoles invitées, qui ont pour spécificité d’interroger le rôle que l’artiste peut jouer dans la société.
Les parties prenantes [1] sont des acteurs (individuels ou collectifs) concernés par un projet ; elles tissent des réseaux de relations basées sur l’interdépendance. Etudiant, professeur, personnel de l’université, artiste, habitant, enfant, passant, chien, commerçant, employé, association pourraient former un organigramme possible du quartier de la ZAC Masséna Paris rive gauche (Zone d’Aménagement Concertée du 13e arr.). Le projet d’exposition Parties Prenantes invite ces acteurs à confondre et à entremêler leur lecture du contexte, créant ainsi une représentation complexifiée de cet espace urbanistique. Ce concept de représentation – au sens de rendre sensible des processus aux moyens de signes, d’images, de textes, ou de cartes – sera envisagé à travers le croisement de champs souvent disjoints, tels que les sciences, la politique et l’art.
Bétonsalon est au cœur de cette ZAC en pleine reconstruction, foyer de mutations urbanistiques et d’interrogations. Le quartier, où l’esthétique du chantier apparaît omniprésente, est déjà habité et parcouru par les parties prenantes. Les différents utilisateurs se retrouvent dans l’espace commun et hétérogène de la rue, selon le concept « d’Université dans la ville » [2] : éducation, recherche, travail, commerce, culture s’y mêlent. Bétonsalon, implanté dans l’Université Paris Diderot-Paris 7, au rez-de-chaussée de la Halle aux Farines se greffe à cette situation ; sa façade vitrée « écran » ouvre sur l’esplanade des Grands Moulins, lieu privilégié de passage et de rassemblement.
En recueillant les usages, préoccupations, désirs, le projet Parties Prenantes prend en compte ce contexte. Chacune des parties prenantes formule ses attentes : les étudiants souhaitent s’exprimer et avoir un lieu d’activités, les habitants souhaitent prendre part à des activités organisées proches de leur lieu de résidence, les employés de bureau souhaitent profiter d’un cadre professionnel dynamique, les associations souhaitent animer le territoire… Des questions se posent, un débat s’impose au sein même de l’université : Comment, au sein d’un projet, un centre d’art peut-il articuler recherche, création et pédagogie avec les caractéristiques de son contexte ? Comment la représentation peut-elle jouer un rôle dans la compréhension et la transformation d’un quartier ? Comment créer un projet « participé », pensé comme un espace d’interprétations ? Autant de questionnements auxquels les participants de Parties Prenantes réagiront (sans prétendre fournir des réponses) en développant les formes et les pratiques qu’ils jugeront adéquates, nées de l’entente, du compromis ou du conflit.
Parties Prenantes est un projet sur les pratiques de production collective et de transmission des savoirs, travaillant les modèles de l’école et de la pédagogie. Ces préoccupations étaient déjà en germe avec la création, en septembre 2009 à Bétonsalon, d’une école d’échange des connaissances nommée « l’Ecole Publique de Paris ». Le dispositif de l’école permet la réintroduction de l’oralité, comme constituantes même de la production artistique ; dans sa conception, l’espace d’exposition intègre la question du public pour ouvrir un espace de médiation intrinsèque.
Parties Prenantes entend créer des ponts entre les pédagogies. Les écoles invitées, ont pour spécificité de développer une pratique artistique contextualisée moins centrée sur la production d’objets que sur l’attention au processus de collaboration. La « Cátedra Arte de Conducta », centre d’étude de la performance et de l’art politique, école fondée à La Havane (Cuba) par l’artiste Tania Bruguera, interroge les limites du milieu artistique dans ses conditions historiques et idéologiques, et propose la mise en œuvre de l’utilité sociale de l’art. « Art and Social Practice », master de la Portland State University (Oregon, Etats-Unis), fondé par l’artiste Harrell Fletcher, encourage les étudiants à développer leur travail artistique au sein de la société, utilisant des méthodes issues de la sociologie, de l’anthropologie, ou du journalisme. L’école des Arts Politiques de Sciences Po, fondée par Bruno Latour (ouverture prévue en septembre 2010), fera converger les sciences sociales, les humanités et les arts dans un ensemble novateur d’enseignements et d’expériences pédagogiques centré sur un objet commun, l’espace public. L’Université Paris Diderot - Paris 7, l’Ecole Publique de Paris, ENSA Paris-Val de Seine, ENSA Paris Cergy, ENSBA Paris, La Forme des Idées (ENBA Lyon et ENSA Nice) travailleront également avec les parties prenantes du quartier.
Finalement, dans le cadre de la mobilisation citoyenne essentielle à la vie de quartier, ce projet entend apporter des outils, que les parties prenantes pourront réutiliser, pour créer du collectif, penser et agir sur le monde. Dans Le Spectateur Emancipé (2008), Jacques Rancière pense l’art comme espace d’interprétation en vue de produire les conditions d’une pensée, d’un débat critique, des possibilités d’actions ; il écrit que « l’émancipation relève d’un brouillage de la frontière entre ceux qui agissent et ceux qui regardent [3] »
Mélanie Bouteloup, Julien Lanchet, Sara Martinetti.
Télécharger le dossier de presse
- Parties Prenantes 3, Bétonsalon - Centre d’art et de recherche, Paris, 2010
Format
Parties Prenantes est une exposition ouverte au public qui se présente sous de multiples formes, en fonction du désir des participants : atelier, conférence, cours, débat, pique-nique, émission radio, bibliothèque, catalogue, production d’objet, installation, photographie, vidéo, performance, action, écriture, enquête… L’espace de Bétonsalon sera aménagé pour être un véritable lieu de travail, de débats et de production : tables, ordinateurs, accès internet, canapé, cartes et documentation sur le quartier, bibliothèque, cafétéria…
Le concept d’exposition peut trouver de multiples formes d’existence non nécessairement liées à la présentation d’œuvres d’art. Nombre d’artistes, de commissaires, et de directeurs d’institutions ont reconsidéré, au cours des dix dernières années, les formes classiques de présentation. On peut citer deux exemples significatifs pour le projet Parties prenantes. Au cours de Places with a past et Culture in action, expositions organisés par Mary Jane Jacob respectivement en 1991 et en 1992-1993 à Chicago, les artistes invités se sont introduits dans des communautés pour travailler sur des projets à caractère social en étroite collaboration avec des participants locaux. A Paris, l’exposition Société Anonyme au Plateau/Frac Ile-de-France, invitait des artistes et des collectifs implantés dans différentes villes du monde, à délocaliser leur activité à Paris pendant un temps donné, pour y imaginer de nouveaux projets en collaboration avec des artistes, chercheurs, ou intellectuels travaillant à Paris. Un programme d’événements publics (sous la forme de conférences, projections, actions, performances, séminaires, workshops, dîners, concerts, fêtes, etc.) permettait de suivre l’avancée de leur travail. Ces expositions ont en commun d’envisager le rôle du commissaire comme un acteur qui propose à des artistes, ou des collectifs, de travailler à partir d’un contexte, en collaboration directe avec les ressources disponibles.
Chaque projet – Arte de Conducta, Art and Social Practice, Ecole des Arts Politiques – débutera par des « journées de rencontres » mettant en contact les parties prenantes, les sensibilisant aux problématiques du contexte à travers des conférences, des visites du quartier, des débats. Chacun des projets y sera défini collectivement en vue de sa réalisation.
Les processus de production, et les réalisations seront exposés dans l’espace de Bétonsalon, puis documentés par une future publication. Une série de rendez-vous fixés à l’avance constituera un agenda d’événements et de conférences.
Etudiant, professeur, personnel de l’université, artiste, habitant, enfant, passant, commerçant, employé, association sont invités à participer au projet Parties Prenantes. Les personnes intéressées devront venir lors des journées de rencontre.
La participation au projet peut se faire selon des temps d’implication différents :
*Un noyau dur constitué par les écoles invitées suivra le projet à temps plein.
*Les particules constituées par des étudiants participeront de manière construite – une demi-journée, ou une journée – le temps d’un atelier ou d’un cours.
*Les visiteurs, constituant la catégorie la plus large, interviendront de manière ponctuelle au cours de leur visite.
Avec le soutien de la Ville de Paris, l’Université Paris Diderot - Paris 7, la DRAC de-France - Ministère de la Culture et de la communication, la Direction régionale et départementale de la jeunesse et des sports de Paris-Ile-de-France, le conseil régional d’Ile-de-France, ’Étant donnés’, the French-American Fund for Contemporary Art, a Program of FACE, AIRFRANCE KLM, Leroy Merlin, Ivry sur Seine, la Mission Démocratie Régionale et Jeunesse du conseil régional d’Ile-de-France, la fondation Brownstone
[1] La notion de partie prenante est opératoire dans différents domaines : science politique, économie, droit…
[2] A la différence d’un campus centré sur lui-même, « l’université dans la ville » s’intègre dans le quartier de la ZAC Masséna Paris Rive gauche avec ses sept bâtiments disséminés. La ville se crée autour de l’université, une ville universitaire en somme dans laquelle la rue permet la sociabilité.
[3] Jacques Rancière, Le Spectateur Emancipé, Edition la Fabrique, 2008. Page 26.
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