Ways of Publishing #6 / vendredi 3 décembre 2021
Vendredi 3 décembre de 18h à 20h
Ways of Publishing #6
Revues en réseau : sika (Bruxelles) et Lili, la rozell et le marimba (Rennes)
Une conversation entre ayoh kré Duchâtelet et Estelle Lecaille (sika, Bruxelles), avec Katia Kameli (artiste), Sophie Kaplan (directrice de La Criée, Rennes, Lili, la rozell et le marimba) et Baptiste Brun modérée par Lotte Arndt, suivie d’une lecture de Vir Andrès Hera (auteur, membre du comité éditorial de Qalqalah قلقلة et contributeur au prochain numéro de Lili, la rozell et le marimba) et d’une performance de Nadjim Bigou-Fathi et Soto Labor.
La forme des revues est polyphonique : orchestrées par des comités éditoriaux, fabriquées avec des graphistes et des imprimeries, élaborées en discussion avec des auteur·rices et artistes, souvent défendues contre des situations financières précaires. Les numéros tissent un fil, bâtissent un réseau rhizomatique, forment autour d’elles des communautés de pensée momentanées qui partagent le mouvement de réflexions plurielles. Avec leurs formes fragmentaires, inaccomplies, foncièrement incomplètes et imparfaites, elles se soustraient à la contrainte d’une pensée unificatrice et synthétisante. Polyphones par essence, les revues se présentent dans des constellations : un article est rarement clos sur lui-même car il renvoie souvent à un autre ; une image en appelle une autre. Toutefois, cette pensée en cours se donne régulièrement une forme ; un numéro qui peut être compris comme un marqueur d’étape. Un objet, matérialisé, fini en soi, même s’il s’inscrit dans un processus en cours – le prochain numéro en attente déjà.
En pleine préparation du troisième numéro de sika et du quatrième numéro de Lili, la rozell et le marimba, des membres des comités éditoriaux des deux revues, relié·es par de nombreuses conversations éditoriales en cours, se retrouvent pour une soirée de lancement. La soirée s’articulera autour des langues, de leur multiplicité et entrelacements, de leur codification et classification, de leurs usages subversifs et de leurs débordements.
Programme
18h. Les revues sika et Lili, la rozell et le marimba.
Conversation entre ayoh kré Duchâtelet et Estelle Lecaille (sika, Bruxelles), avec Katia Kameli (artiste), Sophie Kaplan (directrice de La Criée, Rennes, Lili, la rozell et le marimba) et Baptiste Brun modérée par Lotte Arndt.
19h. Vir Andres Hera et Minia Biabiany, Cartilages archipels
Extraits, lus par Vir Andres Hera.
Dans un texte turbulent qui rend compte des inspirations à la fois théoriques, politiques et poétiques de Vir Andres Hera et Minia Biabiany, les auteur·ices appellent de leurs vœux l’appui de figures afrodescendantes et afrodiasporiques dans la construction d’un récit national mexicain contesté. (Qalqalah قلقلة )
Performance de Nadjim Bigou-Fathi et Soto Labor
FRSH (recherche d’un objet dans une poche)
Des tâtons, des corps, de la salive et des conversations de ♪ Là à là. La à là la à ici. D’ici, ici à là, si, si si, la ♪ sont les méthodes de Frsh pour interroger les conditions de fabrication du discours et les rapports de sujétion entre partitions, interprètes, auteur·rices et publics. C’est une invitation à rebattre les cartes pour faciliter la mise en récit d’histoires et leur interprétation dissonante mais contigüe.
Les revues
sika est un espace de paroles et d’écritures multiples où les vocabulaires de la création artistique contemporaine croisent les mouvements de la pensée postcoloniale. Née de la conviction que notre monde globalisé ne peut se comprendre sans aborder les relations historiques et asymétriques de pouvoir qui le sous-tendent, la revue sika se propose d’en faire l’état depuis Bruxelles, ville-monde insérée dans les réseaux de l’histoire coloniale et de la construction politique européenne.
N° 1 et 2 : été et automne 2021, curaté et édité par Estelle Lecaille pour mòsso & ayoh kré Duchâtelet.
Lili, la rozell et le marimba
Alors que se creusent des écarts entre des expressions situées et une culture hégémonique en libre circulation, de multiples contre-cultures résistent et émergent aujourd’hui de par le monde, manifestant par-là la volonté de celles et ceux qui les animent de s’ajuster à des unités précises, de s’inscrire dans des lieux particuliers, et de parler les langues d’un territoire spécifique. Les formes d’un renouveau vernaculaire se manifestent comme un vecteur d’ancrage, permettant de ralentir et de bâtir de nouvelles collaborations.
Interrogeant ces relations entre productions, savoirs locaux et création contemporaine, le cycle thématique Lili, la rozell et le marimba – vernaculaire et création contemporaine (2019-2022) –, à La Criée, centre d’art contemporain, Rennes, s’accompagne d’une revue qui a pour ambition de prolonger et d’élargir les questionnements soulevés par les artistes invité·es dans le cadre des expositions et des résidences qui jalonnent le cycle. Chaque numéro rassemble des contributions d’artistes, de penseur·ses et de chercheur·ses d’horizons divers, dans une volonté à la fois de porter une multiplicité de voix et de points de vue et de donner à entendre en premier lieu la parole des artistes.
Son comité éditorial est composé de Lotte Arndt, Jean‑Roch Bouiller, Baptiste Brun, John Cornu, Katia Kameli, Sophie Kaplan et Émilie Renard. Qu’iels soient artistes, chercheur·ses ou commissaires, les membres de ce comité partagent un même dessein d’attention à l’autre et à l’autrement en même temps qu’iels se distinguent par des champs de recherche et des points de vue parfois éloignés.
N° 1 : septembre 2020, N° 2 : janvier 2021, N° 3 : juin 2021, N° 4 : avril 2022
Biographies
Lotte Arndt
Chercheuse et curatrice, Lotte Arndt (Paris) accompagne le travail d’artistes qui questionnent le présent postcolonial et les antinomies de la modernité dans une perspective transnationale. Dans le cadre du projet international Reconnecting Objects. Epistemic Plurality and Transformative Practices in and beyond Museums, elle mène actuellement un projet de recherche international sur les antinomies de la conservation dans les musées ethnographiques. Entre 2014-2021, elle a enseigné à l’École supérieure d’art et design Valence Grenoble. Elle fait partie du groupe de recherche artistique On-Trade-Off, est co-fondatrice de la revue en ligne Trouble dans les collections, et membre du comité éditorial de la revue du Centre d’art La Criée, Rennes.
Nadjim Bigou-Fathi (1990, France) est un designer, plasticien et performeur basé entre Bruxelles et Narbonne. Il est diplômé de L’École européenne supérieure d’Art de Bretagne (Rennes), ainsi que du Sandberg Institute (NL). Sa pratique questionne l’arbitraire de la production de normes et de vérités interrogeant ainsi la formation des relations de pouvoir et leurs légitimités. Aux travers de dispositifs curatoriaux, sculpturaux ou performatifs, Il met en scène des situations attentistes de figures prométhéennes.
Il mène le module de recherche Sparring (Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, 2021) aux côté de la chorégraphe Mathilde Klug où iels explorent avec les étudiant.es les liturgies des rencontres dans leur économie et leur performativité. Il a collaboré avec le bureau d’architecture B612 (BE) et co-dirige l’artist run-space LOTO RUN à Bruxelles. Il a récemment performé au KANAL POMPIDOU (Morphing, Group show, BE), à ARV.I (Zorro, Solo, BG) et travaille actuellement sur la performance FRSH (collab. soto labor) dernièrement exposée à Eeeeh (Nyon, CH).
Vir Andrés Hera (1990, Yauhquemehcan, Tlaxcala, Mexique) est un artiste vidéaste et chercheur. Il est diplômé du Mo.Co. - Montpellier Contemporain (2015), du Fresnoy studio national des arts contemporains (2020) et de l’Université du Québec à Montréal (2020). Il a été artiste membre de la Casa de Velázquez à Madrid (2015-2016). Il est enseignant à l’ESAAA - école supérieure d’art Annecy-Alpes. En 2019, il rejoint le comité éditorial de Qalqalah-قلقلة. Son travail a été récemment présenté à : La Gaité Lyrique, Paris (2022) ; Art-by-Translation, Lisbonne-Cergy (2022) ; Dare-Dare, Montréal (2021) ; MUCEM, Marseille (2021) ; Institut Français, Rome (2021) ; FRAC Occitanie, Montpellier (2020) ; La Kunsthalle, Mulhouse (2020).
La pratique de Vir Andres est pluridisciplinaire, son imaginaire se situe à l’interstice de l’expérimentation sonore et vidéo, cherchant à réfléchir autour de pratiques filmiques, d’oralité et de littérature. Dans son travail, toutes les réalités des langues se mélangent : aztèque, fon, arabe, créole, otomi et d’autres langues secrètes. Le récit est central dans ses œuvres, souvent parsemées d’histoires et d’anecdotes étranges, de littérature et de récits lointains, de mythes religieux et de figures oniriques, de paysages sacrés. À travers ses films, installations et textes, il disloque le signifiant, atrophiant les similitudes, générant des interstices.
Katia Kameli est une artiste et réalisatrice franco-algérienne. Elle est née en 1973 en Auvergne, de la rencontre incongrue sur un dancefloor entre Moussa, ouvrier algérien à la coupe afro et Danièle, jeune infirmière berrichonne. Sa pratique repose sur une démarche de recherche : le fait historique et culturel alimente les formes plurielles de son imaginaire plastique et poétique. Elle se considère comme une « traductrice ».
La traduction n’est pas un simple passage entre deux cultures ni un simple acte de transmission, mais fonctionne aussi comme une extension de sens et de formes. L’acte de traduction déconstruit la relation binaire et parfois hiérarchique entre la notion d’original et de copie. Une réécriture des récits apparaît au sein de son travail. Elle met en lumière une histoire, globale, faite de frontières poreuses et d’influences réciproques afin d’ouvrir une voie réflexive et génératrice d’un regard critique sur le monde.
Sophie Kaplan est directrice de La Criée centre d’art contemporain depuis 2012. Diplômée en lettres modernes et en histoire de l’art, elle est historienne de l’art et commissaire d’exposition. Elle a travaillé à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris entre 1999 et 2007 et a mené parallèlement des commissariats d’exposition en Allemagne et en Angleterre. Directrice du Centre rhénan d’art contemporain d’Altkirch de 2007 à 2012, elle a également enseigné à la Haute école des arts du Rhin. Elle a été commissaire de nombreuses expositions et édite régulièrement des catalogues et livres d’artistes. Son approche critique et sa pratique curatoriale se développent autour de l’importance accordée aux collaborations – notamment avec les artistes ; de la place laissée au·x récit·s comme moteurs de la recherche, de la création et de la transmission ; de l’intérêt porté au croisement des arts, des disciplines et des savoirs.
ayoh kré Duchâtelet
La démarche d’ayoh kré Duchâtelet implique un travail d’enquête documentaire sur des situations de l’histoire coloniale et de l’histoire contemporaine. Les recherches donnent lieu à des productions fictionnelles hétérogènes : textes, images, installations vidéo… Sa pratique se développe aussi avec une importance accordée aux rencontres et aux collaborations. En 2021, il a entamé, en dialogue avec Sammy Baloji, un projet qui porte sur la relation entre les formes de l’Art nouveau belge ou « Style Congo » et l’expansion impériale au début du XXe siècle. Il collabore ponctuellement, avec Sophie Sénécaut, dans le cadre du projet « CRAWL » (résidence aux Laboratoires d’Aubervilliers en 2021). Depuis 2018, il explore différentes modalités d’hybridation de méthodes de recherche en art avec Déborah Levy, Lionel Maes et Antoine Wang. En 2021, ils présentent ensemble l’exposition « What Does It Have To Do With Everything Else » à iMAL, Bruxelles. Il est également cofondateur de la revue (en 4 numéros) sika avec l’association Mòsso et enseignant à l’école de recherche graphique (Erg), où, de 2018 à 2021, il a coordonné le programme de l’atelier pluridisciplinaire Design et politique du multiple. Depuis 2009, au sein de l’atelier de design graphique et numérique la Villa Hermosa, il travaille avec et pour des collectifs, institutions, lieux et associations dont il fait le choix, pour un temps, de partager la responsabilité de leurs actions, qu’elles soient sociales, culturelles, artistiques ou militantes.
Soto Labor (1993, France) est artiste plasticien, poète et performeur. Il porte son attention sur les conditions d’exercice du discours et les formes de son énonciation. Il investit ce champ en fabricant des scénarii qu’il incarne le plus souvent en collaboration avec d’autres artistes. Les accessoires et éléments qu’ils convoquent dans ses performances sont très souvent pré-fabriqués ou bricolés. Sculpteur du low-fi et du low-tech, il produit des formes qui coïncident avec son environnement direct dans une économie du peu, du sale et du collage.
Il accompagne la chorégraphe et chercheuse Pauline L. Boulba sur sa pièce Ôno-sensation (CND Pantin, 2019) et la suit sur sa création en cours, avec Aminata Labor sur J.J. (2021). Il publie Trompette suite à l’invitation de Théo Robine-Langlois, une publication parue dans la série des Presage Pamphlet, After8books. Il travaille actuellement sur la performance FRSH (collaboration avec Nadjim Bigou-Fathi) dernièrement exposée à Eeeeh (Nyon, Suisse).
Estelle Lecaille est historienne de l’art et curatrice au sein de mòsso à Bruxelles, une plateforme collaborative indépendante des pratiques artistiques contemporaines qui conçoit et soutient des projets internationaux en Europe avec les pays du Sud. Elle y a développé depuis 2013 le projet d’échanges artistiques entre la Belgique et le Bénin dokountin qui signifie en fongé là où se trouve la richesse. En 2015, elle a organisé l’exposition Incarnation(s) qui a réuni à la Maison des Cultures de Molenbeek Saint Jean des artistes venus d’horizons divers sur la question de l’invisible. Elle était chargée de la coordination éditoriale des livres des photographes Teddy Mazina et Kiripi Katembo en 2015 édités par Africalia. Elle collabore aux magazines IAM, Diptyk, l’art même et à la plateforme online Afrique In Visu. Depuis 2016, elle travaille avec l’artiste congolais Sammy Baloji, notamment pour la Biennale de Lyon, la Biennale de Dakar et la Documenta à Cassel et à Athènes.
Baptiste Brun
Baptiste Brun est enseignant-chercheur en histoire de l’art contemporain. Il codirige le Master Métiers et arts de l’exposition de l’université Rennes 2, formation curatoriale qui a organisé de multiples expositions monographiques à la galerie Art & Essai (Sammy Baloji, Harun Farocki, Ben Kinmont, Zineb Sedira). Ses travaux portent sur les interactions entre création artistique, histoire de l’art, anthropologie et psychiatrie dans la seconde moitié du XXe siècle et sur l’épistémologie de l’histoire de l’art pensée en regard du primitivisme. Il a contribué à différentes publications comme l’édition de l’Almanach de l’Art Brut (5 Continents, 2016) et est l’auteur de Jean Dubuffet et la besogne de l’Art Brut : critique du primitivisme (Presses du réel, 2019). Commissaire d’exposition, il a notamment mis en œuvre l’exposition Jean Dubuffet, un barbare en Europe (Mucem, Marseille ; Ivam, Valencia ; MEG, Genève, 2019-2021). Il travaille actuellement à une recherche portant sur la réception de la part des ethnographes des objets issus des cultures alpines au siècle dernier. En parallèle de ces activités, il mène un travail de conférence-performance portant sur une critique de l’autorité des discours dans les SHS (Les schizomètres de Marco Decorpeliada, avec Marcel Bénabou, Dominique Deliège, Jean-Luc Deschamps, Yan Pélissier et Olivier Vidal ; Les Conférences du Docteur Bâton).
mòsso est une association sans but lucratif fondée en 2014 par Estelle Lecaille, Lucrezia Cippitelli et Rosa Spaliviero à Bruxelles. L’association a pour but de faire de la recherche et d’apporter une réflexion autour de la création contemporaine émanant des pays de l’Afrique, des Caraïbes, du Pacifique et de l’Amérique Latine, de développer la coopération artistique internationale entre l’Europe et les pays de l’Afrique, des Caraïbes, du Pacifique et de l’Amérique Latine de manière durable, de donner une visibilité et de soutenir les artistes émergents vivant en Belgique, et plus spécifiquement les artistes congolais et de la diaspora congolaise, de promouvoir les innovations culturelles actuelles et de réaliser des projets artistiques sur les challenges environnementaux et sociétaux actuels. Mòsso organise des expositions, des projections de films, des résidences croisées d’artistes, publie des textes et produit des vidéos et des films d’artistes.
Un événement coproduit avec La Criée centre d’art contemporain, Rennes.
Partager